Le SMUR du centre hospitalier de Lens (Pas-de-Calais) fonctionnera de manière dégradée cet été et restera fermé certains jours ou nuits en raison d'une pénurie de médecins urgentistes, a confirmé l'hôpital au « Quotidien » ce jeudi.
Éprouvés depuis des mois par la dégradation de leurs conditions de travail, la saturation du service et le manque de moyens, 11 des 18 urgentistes de l'hôpital seront partis d'ici à la fin août. Neuf d'entre eux – dont le chef de service – ont présenté leur démission cet hiver, un autre est parti dans la foulée d'un arrêt maladie et un dernier a pris sa retraite. Bien avant cette hémorragie, le service – qui devrait tourner avec 24 équivalents temps plein (ETP) – était déjà en tension.
Pour permettre aux urgences de fonctionner malgré tout, la direction de l'établissement a donc décidé de supprimer « temporairement à partir du 1er juillet » une des deux lignes de SMUR ouverte en journée. La deuxième équipe de SMUR, fonctionnant normalement 24 heures sur 24, « est toujours opérationnelle mais verra quelques plages non pourvues durant l’été », a précisé à l'AFP le Dr Alain-Eric Dubart, chef du pôle urgences du groupement hospitalier de territoire (GHT) de l'Artois, dont Lens est l'établissement support. Les urgences enregistrent 48 000 passages adulte par an (70 000 en tout).
Pour l'instant, le planning estival fait état de trois nuits non couvertes dont deux samedis en juillet, et sept plages en août, dont cinq nuits de week-end. Les urgences de Béthune (au nord) et d'Arras (au sud) sont situées à une trentaine de minutes en voiture.
Pénurie d'intérimaires
« La situation est gravissime et dangereuse : cela veut dire que le premier service d'urgences du département n'aura pas du tout de SMUR pendant dix jours cet été » et que « le reste du temps, nous n'aurons aucune soupape de sécurité en cas d'imprévu, comme l'absence d'un médecin, déplore Patrice Ramillon, secrétaire adjoint de FO au centre hospitalier interrogé par l'AFP. Le reste du territoire va devoir suppléer à cette carence [...] et cela entraînera des retards considérables de prise en charge pour les patients ».
Contacté par « Le Quotidien », l'hôpital admet que les conditions de travail ne sont toujours pas « optimales » mais « refuse de dire que rien n'a été fait » pour débloquer la situation. « Nous n'avons pas attendu le 1er juillet pour nous réveiller, nous cherchons des solutions depuis un an mais nous devons tenir compte des moyens qui sont les nôtres », assure la direction.
Et le recours à l'intérim médical ? Le centre hospitalier a « toujours fait appel à des contractuels » mais, pour cet été, ça coince, d'autres services d'urgences du territoire (Tourcoing, Saint-Omer) étant eux aussi en grande souffrance.
Solidarité médicale
L'hôpital fait malgré tout état de premières « améliorations » dans l'organisation de son service d'urgences.
Grâce à un travail de réorganisation des flux, le nombre de patients passant la nuit aux urgences a diminué de « 15 à 20 par nuit il y a un an à 5 à 10 aujourd'hui », indique l'hôpital. Faisant valoir une « vraie solidarité médicale », l'établissement précise que les médecins spécialistes ont accepté d'assurer des « gardes d'étages » (un senior par service) pour donner un avis médical ou réorienter les patients des urgences.
Les internes en chirurgie et les spécialistes de la traumatologie sont eux aussi d'accord pour se rendre aux urgences afin d'épauler leurs confrères en cas de nécessité. En parallèle, l'agence régionale de santé (ARS) Hauts-de-France a débloqué jusqu'à 500 000 euros d'aides exceptionnelles pour acheter ou renouveler (par remboursement sur facture) l'équipement biomédical des urgences de Lens.
Enfin, une équipe d'ingénieurs réfléchit à revoir la conception architecturale de l'accueil du service, qui avait été conçu il y a trois décennies pour accueillir 35 000 passages par an.
Pas de carence cet été, selon l'ARS
L'agence régionale de santé (ARS) Hauts-de-France fait également part d'un protocole signé le 26 juin entre les principaux acteurs hospitaliers publics du territoire pour « pallier d’éventuelles difficultés de prise en charge ». « Ce protocole stipule qu’en cas de besoin sur le territoire lensois alors que le SMUR adossé au centre hospitalier de Lens est totalement indisponible, le centre 15 fait intervenir le SMUR disponible le plus proche du lieu d’intervention. Il n’y aura donc pas de carence dans la couverture territoriale des SMUR cet été. »
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