Le ministre de la Santé Yannick Neuder était très attendu au congrès Urgences 2025 ce jeudi 5 juin. Alors que la Pr Sandrine Charpentier, présidente de la Société française de médecine d’urgence (SFMU), a dit espérer « une impulsion politique claire » de la part du gouvernement, Yannick Neuder lui a répondu qu’il était le quatrième ministre de la Santé en 2024 et que le devoir de tout ministre était de s’inscrire dans la durée. Mais pas forcément, pour cela, de réformer à tous crins.
Comment courtiser un parterre de plusieurs centaines d’urgentistes quand on n’a rien de nouveau à leur annoncer, aucune enveloppe budgétaire à faire miroiter ? Pour séduire son auditoire, le ministre a rappelé bien connaître le secteur en sa qualité d’ancien chef du pôle cardiovasculaire et thoracique du CHU de Grenoble. « Je suis l’un des vôtres », a-t-il insisté. Après avoir également rappelé être tout à fait conscient des difficultés que les services rencontrent dans 87 % des territoires classés comme déserts médicaux, Yannick Neuder a concentré son propos, tout de même de près de 30 minutes, sur les chantiers en cours.
Concernant l’engorgement des services, qui inquiète tant les médecins, il existe « des alternatives aux urgences », a-t-il rappelé. D’abord, le développement d’admissions par filière en hospitalisation directe, comme cela se pratique pour les personnes âgées via des conventionnements entre Ehpad et structures sanitaires. Le ministre a aussi cité la prise en charge psychiatrique aux urgences, qu’il sait complexe. Ce sujet fera partie de la feuille de route sur la santé mentale qui doit être dévoilée le 11 juin. « La santé mentale ne doit pas rester un slogan. Nous devons apporter des propositions concrètes, notamment dans les urgences », a martelé le ministre, faisant durer le suspense.
Méthode et esprit collaboratif
Autre chantier en cours de déploiement sur lequel le ministre mise à défaut d’en annoncer un nouveau : la réforme des autorisations de la médecine d’urgence. Yannick Neuder a rappelé les piliers de ce dossier, en particulier la création d’antennes et l’essor de nouvelles modalités de filtrage en amont des urgences, par la régulation (Samu, SAS) ou par l'orientation grâce aux infirmiers d’accueil postés à l’entrée des services.
« Au-delà des clivages politiques sur la santé, vous pouvez compter sur moi, a conclu le ministre sous des applaudissements polis. Je veux agir avec méthode, dans un esprit collaboratif. »
Numéro unique : Neuder enterre l’idée, les urgentistes satisfaits
Lors de sa prise de parole, le ministre a ravi les urgentistes en enterrant l’idée d’un numéro unique d’urgences avec les sapeurs-pompiers. En cours, l’expérimentation consistait à regrouper les appels du 15, du 18 et éventuellement du 17 (police) vers une généralisation complexe du 112. « Cette idée est séduisante sur le papier, mais impose une rupture organisationnelle majeure, a tranché Yannick Neuder. Aujourd’hui, les conditions ne sont pas réunies pour aller plus loin sur ce sujet. »
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