LES AUTORITÉS SANITAIRES se sont aperçues que depuis la mise sur le marché de génériques de la minocycline, les ventes de cet antibiotique avaient augmenté de façon exponentielle comparativement à la doxycycline, pourtant indiquée en première intention dans l’acné, lorsqu’une cycline doit être prescrite (cf. bonnes pratiques de 2007). Or la minocycline n’a pas un profil de tolérance anodin. Un cas mortel par toxicité cutanée est déjà survenu et l’on compte plusieurs cas de lupus induits.
Un groupe de travail anti-infectieux sollicité.
« Une réévaluation du rapport bénéfice/risque a donc été demandée par les autorités sanitaires et c’est un groupe de travail anti-infectieux, dirigé par le Pr Cohen, qui en a été chargé. En infectiologie, la minocycline est plutôt réservée à des infections à germes résistants à la doxycycline et donc exclusivement traitées en milieu hospitalier. Sans surprise, les infectiologues ont donc naturellement souhaité conserver une prescription hospitalière, mais pas davantage », explique le Pr Bedane.
Comme dans le même temps, les autorités sanitaires hésitaient à supprimer purement et simplement l’AMM de la minocycline et voulaient, de toute façon, en finir avec les prescriptions abusives et prolongées de minocycline en ville, elles ont finalement décidé de suivre les conclusions du groupe de travail et donc, de réserver la minocycline à l’hôpital.
La fin de la prescription en ville.
De son côté, un groupe de travail de dermatologues a bien tenté de plaider la cause de la minocycline, arguant le fait qu’il était possible de rationaliser les prescriptions en ville, en les réservant aux acnés résistantes à une cure de doxycycline bien conduite et en cas de contre-indication à l’isotrétinoïne orale. « Mais cela n’a pas été possible car en raison des conditions de prescriptions de délivrance (CPD), on ne peut pas réserver la prescription à l’hôpital en infectiologie et l’autoriser en ville, en dermatologie. Il a donc été décidé de restreindre la minocycline à une prescription hospitalière, avec pour écueil, le risque que les dermatologues hospitaliers ne soient contraints de prendre en charge des prescriptions dans le domaine de l’acné ! » conclut le Pr Bédane.
D’après un entretien avec le Pr Christophe Bedane, service de dermatologie, CHRU de Limoges.
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