Radiologie interventionnelle

Une année prometteuse

Publié le 19/10/2015
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Cette année 2015 a vu paraître les premiers résultats sur l’embolisation de deux pathologies bénignes mais néanmoins fréquentes dont on doit continuer à préciser les indications. Il s’agit d’abord de la pathologie hémorroïdaire. Ainsi, dans une récente étude sur 14 cas (1), les auteurs notent 100 % de réussite de la procédure et 72 % de bons résultats à 1 mois. Des études additionnelles multicentriques sont nécessaires face à ces résultats prometteurs. Il en est de même pour l’embolisation dans l’hypertrophie bénigne de la prostate (lire page 6). Une revue de la littérature (2) semble démontrer l’avantage de la méthode sur les symptômes du bas appareil urinaire dus à une HBP. Mais le suivi est pour le moment insuffisant et appelle d’autres travaux.

Les méthodes de guidage sont également en pleine évolution, tant en scanner qu’en angiographie. Essentiellement les méthodes en 3D proposées aujourd’hui par tous les constructeurs, pour un accès facilité à la cible et une meilleure sécurité. On assiste aussi à l’arrivée de nouveaux agents d’embolisation. On connaît depuis quelques années la radio-embolisation interne sélective par des microsphères enrobées d’Yttrium 90, ou encore l’Onyx (copolymère colloïde). On voit maintenant apparaître de nouveaux agents, sur lesquels on peut greffer des molécules ciblées dans le cadre d’une pathologie spécifique.

Des informations en temps réel

Côté diagnostic, on porte de nombreux espoirs sur une nouvelle méthode qui a la particularité de pouvoir fournir en temps réel des informations sur la nature d’un nodule ou d’une masse pulmonaire. « C’est un outil qui vient concurrencer la ponction transpariétale », note le Pr Jean-Yves Gaubert (Marseille). En effet, le fragment recueilli par ponction sous scanner et confié a l’anatomopathologiste ne révèle sa nature qu’au bout de quelques jours. « Dans la nouvelle technique, explique-t-il, une très petite fibre est introduite dans le nodule ou la tumeur par l’intermédiaire de l’aiguille de ponction. Le nodule répond alors par un spectre de fluorescence dont la mesure permettrait de révéler sa nature immédiatement ». Les résultats d’une première étude de faisabilité et de validation (3) sont très intéressants et seront annoncés aux JFR. Ils permettent de postuler pour la mise en place d’une étude multicentrique européenne. La pathologie du sein bénéficie déjà d’une étude préclinique et une étude clinique commence.

Les micro-ondes pour leur rapidité de destruction

Une technique de destruction tumorale percutanée guidée par Imagerie (DTPI) est celle des micro-ondes. Beaucoup de travaux en cours la concernent. Jusqu’à présent, la radiofréquence était la méthode de référence pour la destruction percutanée des tumeurs, mais elle était limitée par la taille de la tumeur (‹ 3 cm). La méthode des micro-ondes devrait permettre de répondre à la destruction de tumeurs plus volumineuses (de 3 à 5 cm). « Un autre avantage, souligne le Pr Gaubert, est que cette technique est plus rapide que la radiofréquence et qu’elle permet d’agir sur plusieurs localisations en simultané ».

Une richesse qui n’est plus à démontrer

« Une raison de plus pour s’organiser, conclut le Pr Bartoli. Les représentants de la FRI-SFR, publics et libéraux, travaillent en ce sens avec la DGOS pour une structuration de la spécialité, à la fois territoriale, régionale et nationale, sur le même type que ce qui existe déjà pour la neurologie interventionnelle et la cardiologie interventionnelle. Dans le même temps, nous souhaitons valoriser la radiologie interventionnelle en ambulatoire et continuer à évaluer les bénéfices médico-économiques de ces techniques ».

Entretien avec les Prs Jean-Michel Bartoli et Jean-Yves Gaubert, pôle imagerie AP-HM, centre hospitalier universitaire de la Timone, Marseille

 

(1) Vidal V et al. Cardiovasc Intervent Radiol. 2015 Feb;38(1):72-8

(2) Bilhim T et al. Radiology. 2015 Jul;276(1)

(3) Gust L et al. Plos One August 5, 2015

Dr Brigitte Martin

Source : Bilan spécialiste