ROSELYNE BACHELOT voulait (r)établir l’accès de tous à des soins de qualité avec sa réforme HPST. Pari réussi ? Ce n’est pas l’avis de Jacky Le Menn, sénateur socialiste d’Ille-et-Vilaine, qui parle de « loi inaboutie ». La santé publique, regrette cet élu, a été oubliée : « Je me rappelle une nuit où j’ai retiré plus de 40 amendements sur ce sujet, car la ministre de l’époque m’avait promis une grande loi de santé publique. Nous l’attendons toujours. » Le problème des déserts médicaux n’a pas été résolu, ajoute Jacky Le Menn. « La proposition de loi Fourcade [en cours d’examen parlementaire, NDLR] pénalise les rares avancées courageuses faites par la loi HPST pour apporter des solutions à nos concitoyens » s’agissant des soins de premier recours.
Marisol Touraine, députée socialiste d’Indre-et-Loire, constate l’existence d’une « médecine à deux vitessespour les actes courants ». Nouveaux modes de rémunération, installation : « Il faut trouver des accords », plaide la députée, car « les Français ne peuvent plus attendre ». La contrainte en lieu et place des incitations ? L’élue n’y est pas foncièrement opposée. « La loi HPST devait assumer de faire ces choix, elle les a laissés de côté pour des raisons de facilité », dit-elle.
Un décalage ?
Les parlementaires de la majorité étaient absents de cette table ronde sur l’accès aux soins : le sénateur UMP Alain Milon s’est fait excuser. Représentant les usagers, Claude Rambaud, présidente du LIEN, a pour sa part estimé que « la solidarité nationale dans le champ de la santé est menacée ». En cause à ses yeux : les délais d’attente à géométrie variable selon le réseau de relations, l’inégale répartition des médecins sur le territoire, les dépassements d’honoraires. Étienne Caniard considère également que les effets de la loi HPST « se font attendre ». Le président de la Fédération nationale de la Mutualité française note un « décalage entre les discours politiques et les outils créés ». Il en appelle à « d’autres outils », conventionnels cette fois, pour agir sur l’accessibilité aux soins - à la fois géographique et financière. Le secteur optionnel ? À condition que ce soit « un moyen de réguler les dépassements d’honoraires, pas un moyen de permettre aux médecins de secteur I de pratiquer des dépassements », a déclaré Étienne Caniard. « Si le secteur optionnel devait sonner le glas du secteur I, ce serait la fin du pacte social », a complété Claude Rambaud, du LIEN.
Seul représentant des médecins à la table ronde, le Dr Stéphane Kirchner, vice-président de l’Union nationale des médecins spécialistes confédérés (UMESPE), a dit ne pas croire à la coercition. « L’incitatif ne marche pas car les gens ne connaissent pas les aides » à l’installation, a-t-il souligné, tout en qualifiant le secteur II de « mauvaise réponse à un vrai problème ». Le Dr Kirchner a prévenu que des mesures radicales pourraient accélérer l’exode des blouses blanches, citant un confrère qui part au Québec, tandis que d’autres « vont explorer les pays du Golfe ».
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