Les urgentistes picards de l'AMUF et de la CGT sont furieux contre la délégation régionale de la Fédération hospitalière de France (FHF) qui, selon eux, se propose d'appliquer « à la carte » le protocole d'accord sur le temps de travail des urgentistes.
Signée en décembre 2014, cette réforme applicable depuis le 1er juillet 2015 limite à 39 heures le travail posté auprès du patient (généralisation du décompte horaire) et réserve un temps forfaitisé pour les activités non cliniques, dans le respect des 48 heures hebdomadaires maximum.
Un passage de 39 heures à 43 heures
Afin de réfléchir à l'application régionale de cette réforme, la FHF Picardie a constitué un groupe de travail comprenant des directeurs des affaires médicales, des présidents de commissions médicales d'établissements et des chefs de service d’urgences.
Or, ce groupe de travail recommande – dans une charte à l'attention des directeurs de la quinzaine d'hôpitaux pourvus d'un service d'urgences dans la région – de ramener le seuil de 39 heures à 43 heures pour 2016.
« De façon transitoire, et en attendant une montée en charge de l’effectif des urgentistes afin d’atteindre l’effectif cible, il est proposé de ramener le seuil des 39 heures à 43 heures à partir du 1er mai 2016 et jusqu’au 31 décembre 2016, lit-on dans le document que s'est procuré « le Quotidien ». Une évaluation du dispositif devra être réalisée à cette date, afin de l’adapter le cas échéant. »
Chantage
Cette application très particulière de l'instruction ministérielle agace le Dr Florian Krim, urgentiste à Amiens et membre de l'AMUF. « Non seulement on veut nous imposer de façon unilatérale une borne à 43 heures sortie d'on ne sait où, mais en plus on jette aux orties la politique des hôpitaux d’Abbeville, de Creil et, dans une moindre mesure, de Compiègne, qui déclenchent déjà le seuil de plages additionnelles à 39 heures pour les praticiens hospitaliers. C'est un coup de canif de trop ! »
L'AMUF et la CGT dénoncent une forme de « chantage ». « Il nous est expliqué que, comme il n'y a pas d'argent, on ne peut pas appliquer [la réforme], détaillent les deux syndicats ce mardi. Et que si on l'applique, il faudra réduire les budgets ailleurs, par exemple en diminuant le nombre de lignes de médecins présents aux urgences quotidiennement. »
Les médecins craignent une nouvelle fois des fermetures de services d’urgences, faute de praticiens pour les faire tourner. Ils réclament une application « complète » de la réforme du temps de travail des urgentistes. « En cas de refus des directions, nous limiterons notre temps de travail à 39 heures et nous porterons recours au tribunal administratif », préviennent-ils.
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