Les salons « santé autonomie », qui ont ouvert ce mardi à Paris et vont recevoir 15 000 visiteurs jusqu’à jeudi, se déroulent cette année sans un acteur de premier plan : les cliniques. La Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) a en effet annoncé ce 19 mai qu’elle ne serait présente à « aucune des manifestations officielles » de ce grand rendez-vous hospitalier annulé piloté par la Fédération hospitalière de France (FHF).
Le président de la FHP, Lamine Gharbi, explique cette décision dans un courrier adressé à son homologue de la FHF, Frédéric Valletoux. La diffusion, la veille du salon, d’une longue plaquette de la FHF destinée à « rétablir la vérité » sur le coût comparé des hôpitaux publics et du secteur privé lucratif, est vécue comme une attaque en règle par les cliniques privées. Ces dernières dénoncent les « approximations mensongères », les « assertions biaisées » et les « omissions » de ce document d’une dizaine de pages.
Questions d’efficience
« Malgré l’attachement sans cesse renouvelé de nos concitoyens à leurs hôpitaux publics, nombreux sont ceux qui aiment les brocarder, dénoncer leur supposée désorganisation, mettre en cause leur inefficience ou leur immobilisme », attaque Frédéric Valletoux en préambule de cette campagne.
Dans cette brochure, la FHF affirme par exemple que les cliniques bénéficient de « rentes de situation » avec certaines activités constituées en « niches à profits », et surtout que les dépassements d’honoraires sont 12 fois supérieurs en valeur absolue en clinique qu’à l’hôpital. Estimant que les établissements privés ne sont « pas prêts à répondre aux exigences du service public », la FHF s’oppose à la convergence des tarifs que réclament les cliniques.
La FHP s’indigne sans surprise de la diffusion de ce « pamphlet entièrement dirigé contre l’hospitalisation privée ». « Les cliniques représentent 25 % de l’offre de soins en France, elles réalisent 34 % de l’activité hospitalière, en ne recevant pour cela que seulement 17 % des financements hospitaliers », souligne Lamine Gharbi.
Le patron de la FHP cite un rapport de l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (ATIH) publié en juillet 2014 selon lequel le coût moyen d’une prise en charge hospitalière (MCO) était de 1 204 euros dans le secteur privé contre 2 115 euros dans le secteur public. Selon Lamine Gharbi, « la question de l’efficience du système hospitalier est posée » et « aucun acteur hospitalier n’a les moyens de s’y soustraire ».
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