Recrutement en santé : le casse-tête des établissements

Publié le 06/07/2012
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Crédit photo : S. TOUBON

Pour recruter la perle rare, bon nombre de directeurs d’établissement font désormais appel à des chasseurs de têtes. Car déjà les hôpitaux sont confrontés à une carence de gynécologues, radiologues, anesthésistes, cardiologues ou psychiatres, pour des raisons d’assurance, de risque juridique ou de contraintes horaires. Parfois les candidats jouent la surenchère et les établissements moins performants ou moins compétitifs redoutent une spirale infernale : baisse de qualité, manque de praticiens, fermeture de lits, restructurations...

Médecins managers

Le forum européen des managers de santé a réuni des experts qui ont fait le point sur les « stratégies de recrutement » utilisées pour attirer les médecins notamment dans les régions les plus reculées. Cooptation, recours aux cabinets de recrutement, approche et négociation directe, proposition de remplacement, perspectives de carrière : les responsables de ressources humaines redoublent d’ingéniosité pour motiver les soignants mais aussi les cadres de direction.

« Aujourd’hui, on attend des médecins qu’ils soient aussi des managers, des gestionnaires et c’est précisément ce qui pose problème, car leur priorité reste d’exercer sur le plan clinique. Ils n’aiment pas se voir surveiller et vivent parfois mal le fait d’être évalués », explique Sébastien Bourne, directeur associé du cabinet de recrutement Alexander B. Smith. Ce spécialiste observe pourtant de réels changements. « Il devient plus simple d’organiser des transferts d’une structure à une autre et ce décloisonnement est dynamisé par des offres de plus en plus attractives. »

« La santé n’est pas le monde des Bisounours »

Jacques Delfosse, chirurgien et coordinateur du groupe d’hospitalisation privée Vitalia, assume. « Nous recherchons les meilleurs profils, mais avant tout de réelles compétences ce qui sur le terrain est loin d’être simple car la loi HPST a complexifié le système ! » Il décrit la difficulté des recrutements dans ses 46 cliniques parfois éloignées des berceaux universitaires.

Faire venir un radiologue à Maubeuge, malgré la douceur du clair de lune, lui parait un pari difficile. Quant à l’accueil des internes dans les cliniques privées, qui permet à certains établissements de repérer tôt les bons profils, il ne règle pas tout. « La santé n’est pas le monde des Bisounours » martèle Jacques Delfosse qui voit dans la concurrence accrue entre les Espic (établissements de santé privés d’intérêt collectif) et le secteur privé un frein aux recrutements.

Fossé de rémunération

Directeur du CH Antoine Béclère (AP-HP), Thomas Lauret déplore que le fossé des rémunérations se creuse entre le public et le privé ou la différence peut atteindre 40 % en début de carrière. « Pour garder ses bons chefs de clinique, l’hôpital doit faire des efforts mais nous sommes aujourd’hui prisonniers de la grille (tarifaire) de la fonction publique alors que des rémunérations dans le privé deviennent aberrantes et me paraissent clairement contraires à un choix social raisonnable. »

L’industrie pharmaceutique peine, elle aussi, à recruter des médecins. Mathieu Geffrier, DRH du laboratoire Novartis, évoque une pénurie d’oncologues, expliquant qu’il lui faut en moyenne... 98 jours pour mettre la main sur le candidat idéal !

 LAURENCE MAUDUIT

Source : lequotidiendumedecin.fr