L’activité globale de chirurgie ambulatoire ne cesse de progresser en France. Elle représentait 37,7 % de l’activité de chirurgie en 2010. En 2022, elle est de 64 % et devrait atteindre un taux de 66 % en 2023. Bien loin encore de l’objectif de 80 % fixé par le Haut Conseil de la santé publique. Pour rappel, l’ambition des pouvoirs publics a longtemps été de parvenir à un taux cible de 70 % fixé pour… 2022.
À l’occasion de son congrès national, la Société française d’anesthésie réanimation, ainsi que l’Association française de chirurgie ambulatoire (Afca) et l’Agence nationale de l’expertise et de la performance sanitaire et médico-sociale (Anap) publient un guide pratique pour accompagner tous les établissements de santé, privés ou publics dans cette démarche. Nom du guide : « Objectif 80 % de chirurgie ambulatoire, les clés pour accélérer ».
Pourquoi 80 % ? C’est un objectif à la fois politique et de santé publique. Sur le terrain, il existe une forte hétérogénéité entre les établissements et entre les spécialités. Les cliniques qui pratiquent des opérations de la cataracte en parcours ultracourt vont ainsi réaliser plus d’actes en chirurgie ambulatoire, ce qui va ramener le taux à 80 % pour l’ophtalmologie. En orthopédie, la moyenne est plutôt située aux alentours de 60 %.
Certains établissements ne font pas assez de chirurgie ambulatoire
Pr Christophe Hulet (Afca)
C’est pourquoi l’outil Visuchir, développé par l’Assurance-maladie il y a cinq ans et qui cartographie les données des établissements chirurgicaux, « permet aux établissements de regarder ce qu’ils font et de se conditionner par rapport au taux national », explique le Pr Christophe Hulet (Afca), médecin orthopédiste au CHU de Caen. Pour lui, « c’est clair, certains établissements ne font pas assez de chirurgie ambulatoire ».
Pour faire leur mue, les établissements doivent s’organiser en quatre temps.
Après avoir analysé leurs données, la première des choses à faire est de développer leur potentiel de chirurgie ambulatoire. Cela consiste à identifier les types d’actes ciblés. La gouvernance des trois corps (médical, soignant et administratif) doit au préalable définir une charte de fonctionnement au sein des blocs opératoires. Le guide suggère un « consensus entre les équipes médico-chirurgicales » afin de finaliser « un parcours patient type ». La réorganisation est aussi l’occasion pour les établissements qui ont des projets architecturaux de repenser leur structure « sans nécessiter d’importants travaux » (important dans un contexte de disette budgétaire) afin d’aménager une unité (ou plusieurs) de chirurgie ambulatoire.
Deuxième grande étape : façonner le parcours patient en « marche en avant ». Là aussi, il s’agit de tout organiser en amont afin de limiter un maximum la partie administrative le jour de l’opération : « Nous échelonnons l’arrivée des patients, ce qui permettra un meilleur confort pour eux, mais aussi pour l’équipe », détaille le Dr Thomas Baugnon, anesthésiste réanimateur et expert à l’Anap.
La sortie doit être également élaborée en anticipant la prescription (antalgiques, dispositifs médicaux) et l’organisation avec la ville, les modalités de suivi post-opératoire.
Monitorage et indicateurs de suivi
Troisième étape : l’organisation des flux doit faire là aussi l’objet d’une planification rigoureuse. Cela passe toujours par le choix de la bonne personne. « Il faudra quelqu’un de très transversal – comme un chef de bloc ou un gestionnaire de parcours - qui traverse aussi bien le bloc que les unités d’hébergement », pense le Dr Sébastien Campard, membre du conseil d’administration de la Sfar. Le choix de l’outil numérique est crucial pour que l’équipe en charge de l’unité de chirurgie ambulatoire « monitore » au mieux l’activité.
La quatrième et dernière étape concerne les ressources humaines. « Si l’on veut augmenter l’activité ambulatoire, il faut miser sur une hausse des ressources humaines, et notamment dans les nouveaux métiers de la coordination du parcours de soins », explique la Dr Sophie Di Maria, experte du réseau Anap, qui appelle à former le personnel, voire à les reformer à cette nouvelle logique de prise en charge.
En sus du guide, l’Anap propose aux hôpitaux et cliniques intéressés trois journées de formation réparties sur trois mois. L’inscription en ligne est ouverte.
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