Initialement dopé par la crise sanitaire, le recours à l'hospitalisation à domicile (HAD) s'essouffle. Alors que le secteur avait vu son nombre de journées progresser de 10,2 % en 2020, cette croissance tendancielle n'était plus que de 7,8 % en juin 2021 et de 6,5 % en septembre 2021, a alerté la Fédération nationale des établissements d'HAD (Fnehad) lors de ses universités d'hiver, jeudi à Paris. Autrement dit, elle retrouve le rythme de progression d'avant le Covid.
Comment se fait-il que nous ne soyons pas davantage sollicités ?
« Les pics épidémiques de 2020 et des premiers mois de 2021, dont chacun a en tête les effets négatifs sur notre système hospitalier, ont engendré un attrait accru pour les soins en hospitalisation à domicile. Si les circonstances de ce recours n’avaient pas été aussi dramatiques, nous pourrions nous en féliciter », a souligné la Dr Élisabeth Hubert, présidente de la Fnehad, devant plus de 400 acteurs du secteur tout en regrettant « une décrue d’activité » depuis cet été, et ce, alors que de nombreux établissements hospitaliers alertent sur les tensions sur les lits.
« Comment se fait-il que nous ne soyons pas davantage sollicités, nous les HAD qui nous situons en aval de l’hospitalisation conventionnelle ? » a regretté Élisabeth Hubert devant Olivier Véran, répétant l'inquiétude déjà exprimée en marge du salon Santexpo, mi-novembre, en pleine polémique sur les taux de fermeture de lits, faute de personnel. « Notre système de soins ne parvient toujours pas à sortir de son hospitalocentrisme et nous sommes toujours prisonniers d’une gestion très administrative de nos organisations », a insisté l'ancienne généraliste nantaise.
Plus d'attractivité
La présidente de la fédération a plaidé pour la mise en place d'une campagne de communication nationale autour de l'HAD et le développement des stages en ambulatoire afin de susciter des vocations chez les futurs médecins et professionnels de santé. Elle a aussi appelé de ses vœux le déploiement de la feuille de route du secteur promise en 2019 par Agnès Buzyn et la mise en place de la réforme du financement, attendue depuis « trop longtemps ».
Des demandes auxquelles Olivier Véran a, en partie, répondu. Le ministre de la Santé a officialisé une feuille de route pour l'HAD pour 2021-2026, concoctée avec la Fnehad et articulée autour de sept axes « stratégiques ». Il s'est engagé à améliorer la connaissance de l’hospitalisation à domicile et son attractivité, en communiquant davantage sur les missions et capacités de prise en charge et de continuité de soins.
Il a aussi promis de développer l'articulation avec le secteur social et médico-social, pour renforcer la prise en charge des personnes âgées, en situation de handicap ou en grande précarité. Le renforcement de la qualité et de la pertinence des prises en charge ou le développement du numérique sont d'autres pistes pour « accroître la place de l’HAD dans l’offre sanitaire, améliorer les parcours et la coopération des professionnels entre la ville et l’hôpital », avance Olivier Véran.
Réformes du financement
Le ministre a assuré que l'HAD serait reconnue comme une activité médicale « en tant que telle » et un mode de prise en charge en soi. Concrètement, un décret, en cours d'examen au Conseil d’État, dans le cadre de la réforme des autorisations, doit paraître d’ici à la fin de l’année en ce sens. Jusqu'à présent, une double autorisation, l’une pour l’activité de soins, l’autre pour la modalité hospitalisation à domicile, était nécessaire.
Enfin, le secteur connaîtra lui aussi une évolution de son financement, a rappelé Olivier Véran. Avec l'ensemble des fédérations hospitalières, la Fnehad a signé un protocole d’accord sur la mise en place des réformes de financement pour les urgences, la psychiatrie, les soins de suite et de réadaptation (SSR) et… l'HAD. Pour l'instant financé à la journée (avec une part de dotations annuelles), l'hospitalisation à domicile verra son modèle évoluer d'ici à 2023 avec la prise en compte d'autres critères.
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