À l'hôpital Édouard-Herriot de Lyon, certains soignants se mettront en grève « illimitée » à partir de jeudi 29 juillet, pour protester contre la vaccination obligatoire et l'entrée en vigueur du pass sanitaire dans les hôpitaux. Un mouvement initié par le syndicat SUD-Santé Sociaux de l'établissement. Le projet de loi sur le pass sanitaire – qui doit encore obtenir l'aval du Conseil constitutionnel – prévoit en effet la nécessité de présenter un pass valide pour accéder aux établissements de santé, « sauf en cas d'urgence ».
Malades, accompagnants et visiteurs seront concernés. Le syndicat dénonce une mesure « discriminatoire ». « Ça nous a profondément choqués en tant que soignants. L'hôpital doit rester ouvert à tous ! Comment allons-nous faire pour accueillir des patients à la rue, des toxicomanes ou avec des troubles psychiatriques ? Les plus précaires n'ont pas forcément accès aux informations liées au vaccin », indique au « Quotidien » Chaïbia Khaif-Janssen, infirmière et secrétaire de la section SUD-Santé Sociaux de l'hôpital lyonnais. Elle dénonce ainsi « un vrai risque pour l'accès au soin et pour la santé publique. Ce n'est pas entendable ! ».
Des millions pour les contrôles
Le contrôle des pass sanitaires à l'entrée des établissements – probablement réalisé par des agents de sécurité embauchés pour l'occasion - devrait coûter cher. 60 millions d'euros par mois, selon la Fédération hospitalière de France (FHF). « Pourquoi ne débloque-t-on pas plutôt cet argent pour l'hôpital public ? Pour embaucher des infirmiers ou des aides-soignants ? », s'interroge Chaïbia Khaif-Janssen.
L'antenne lyonnaise de la centrale syndicale a été soutenue dans la foulée par d'autres sections locales, « à Villejuif, dans le Gard ou à Marseille », souligne l'infirmière. La CGT Action sociale du Rhône (69) a également déposé un préavis de grève illimité pour le 5 août, jour de l'examen de la loi par le Conseil constitutionnel.
« Ni anti-vaccin, ni complotiste »
Dans le Finistère, la section locale du syndicat affirme n'être « ni anti-vaccin, ni complotiste, et encore moins proche des idées de l'extrême droite ». Le syndicat réclame ainsi « la levée des brevets et l'accès au vaccin partout dans le monde », tout en luttant contre la suspension du contrat de travail – et du salaire - chez les personnels non vaccinés.
« Nous souhaitons que chacun ait son libre arbitre sur la vaccination », confirme Chaïbia Khaif-Janssen, qui précise avoir recensé une centaine de soignants ne désirant pas se faire vacciner à l'hôpital Édouard-Herriot. Dernière revendication : la reconnaissance systématique du Covid comme accident du travail. Aucun médecin de l'hôpital lyonnais ne fait pour l'heure parti du mouvement de grève.
Dans le même temps, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a annoncé que la loi devrait être promulguée le 9 août prochain, assurant qu'il y aurait « un temps d'adaptation et de rodage ».
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