C'est une charge très sévère contre la politique hospitalière du gouvernement de la part de plusieurs syndicats de PH. Dans un communiqué commun, Action praticiens hôpital (APH, union d'Avenir Hospitalier – AH – et de la Confédération des praticiens des hôpitaux – CPH) et une quinzaine d'autres organisations représentatives*, tirent à boulets à rouges sur la stratégie de l'exécutif depuis le Ségur de juillet 2020.
Dénonçant l’« impéritie du gouvernement », « malgré nos alertes répétées qui ont commencé bien en amont de la crise », ces syndicats critiquent pêle-mêle la « communication décalée », les « paris » sur certaines orientations, l'« été meurtrier aux Antilles », les « fermetures perlées de services d’urgence et de SMUR, de soins critiques et d’hospitalisation en métropole » ou encore l'« inefficacité chronique des plans blancs ». « Combien d’étés encore allons-nous dire que ça n’a jamais été aussi grave ? Combien d’hivers allons-nous passer à gérer l’impossible et à le subir ? », alertent les signataires qui pointent l'épuisement des équipes.
Coup d'épée dans l'eau ?
Outre-Mer d'abord, où la quatrième vague a submergé les capacités hospitalières, les auteurs du texte se désolent d'« hospitalisations pour oxygénothérapie dans des hôtels où les patients s’aggravent, de choix éthiques d’accès à la réanimation inacceptables, et certainement des morts évitables ». « Comment deux ministres de la République ont-ils pu débarquer aux Antilles dans le seul but d’y jouer une représentation, médiatique scénarisée et minutée, de la République volant au secours de ses îles lointaines, tout en refusant de rencontrer les représentants des praticiens hospitaliers ? », accusent encore ces organisations.
Quant au Ségur, qui a pourtant promis 19 milliards d’euros d’investissement dans le système de santé et 8,2 milliards d’euros par an pour revaloriser les métiers dans les hôpitaux et les Ehpad, ce serait « un coup d’épée dans l’eau ou un mirage de trop », balaie APH, non-signataire de cet accord.
« L’augmentation des salaires des hospitaliers partagée avec le privé et les ESPIC [établissements de santé privés d'intérêt collectif] n’a pas permis de combler le retard alors que la France occupait le 26e rang des rétributions de l’OCDE », recadrent les syndicats. Et tandis que le gouvernement se targue d'un investissement historique, les hospitaliers n'ont pas la même analyse. « Ce n’est pas en utilisant des superlatifs et une sémantique impériale qu’on fera du Ségur le traitement de fond qu’attend l’Hôpital Public moribond ».
Dindons de la farce
La réforme de la gouvernance, censée médicaliser le pilotage, est jugée « trop timide », les mesures d’attractivité sur les carrières « strictement inefficaces ». Les organisations jugent à cet égard que le Ségur favorise les futurs entrants « tandis que ceux qui soutiennent l’hôpital public depuis des années – et l’ont particulièrement soutenu depuis le début de la crise sanitaire – sont les dindons de la farce. »
Côté recrutements, les organisations de PH épinglent « une politique de gestion au fil de l’eau » et des plans blancs « vides de sens car détournés de leur fonction initiale qui était de pallier une crise sanitaire majeure mais temporaire ». Au final, tranchent APH et consorts, « tout le monde est perdant : les patients dont on reporte (parfois plusieurs fois) les soins et les interventions (.), les personnels qui sont épuisés, les urgences qui sont saturées quand elles ne ferment pas… et tous les citoyens. »
Chantiers de la PDS
Pour sortir de l'ornière, les organisations appellent de leurs vœux une réflexion sur le financement de l’hôpital, des mesures fortes sur l’attractivité des carrières hospitalières et la fidélisation des professionnels, un plan santé pour l’Outre-Mer mais aussi la prise en compte d’indicateurs de « non-qualité des soins » comme les « patients brancards », la fermeture de services ou de lits et la souffrance au travail.
Ils souhaitent à nouveau le « reclassement équitable des praticiens » (soit quatre ans d’ancienneté pour les PH nommés avant le 1er octobre 2021) et l'ouverture des chantiers du temps de travail et de la permanence des soins. « Ce n’est pas de communication dont nous avons besoin, mais d’action » tancent les signataires.
* SNPHARe, SUdF, SPHP, FNAP, SNPEH, SMH, SNPADHUE, USP, SYNGOF, Biologistes Médicaux, Smarnu, SNGC, SPH, SNBH
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