LE QUOTIDIEN – Les directeurs hospitaliers manifestent beaucoup de mécontentement sur la façon dont la loi HPST – que vous avez soutenue – est actuellement mise en œuvre. Que se passe-t-il ?
PHILIPPE BLUA – On est à un moment charnière et on constate un déficit managérial de la part du ministère de la Santé qui a tendance à manier uniquement le bâton. Or pour être efficace, il ne vaut mieux pas taper sur les gens. Dans la réalité, 99 % des professionnels font bien leur travail à l’hôpital, de façon consciencieuse. Faire changer les 1 % restants me paraît moins important que de motiver ces 99 %. Multiplier les politiques négatives de pénalité a une conséquence : personne ne trouve plus intérêt à agir. Nos adhérents nous le disent : on s’est engagé et le ministre ne nous considère pas. Pourquoi se lancer dans des opérations extrêmement difficiles, comme la constitution des CHT [communautés hospitalières de territoire] si l’on obtient pour seul remerciement d’être traité comme des suspects, des délinquants.
Quel signal attendez-vous du ministre de la Santé ?
Il faut qu’il tienne ses promesses, notamment celle de prendre en compte nos nouvelles responsabilités. Et il doit être cohérent dans ses décisions. Je pense, par exemple, à la récente tentative de contingenter l’activité des hôpitaux. Mais c’est l’un de nos atouts aujourd’hui ! Quand des jeunes médecins viennent nous voir, on peut leur dire "Vous avez des projets, ils sont viables, on les met en œuvre", puisqu’on sait que si on augmente l’activité, on aura un retour. Si on enterre cette logique, on va de nouveau dégoûter les médecins de choisir l’hôpital. Les contrats de praticiens cliniciens, c’est un peu la même chose. La réglementation a décidé qu’ils devaient intégrer le CPOM [contrat pluriannuel d’objectif et de moyens] de l’établissement. Cela veut dire que selon le calendrier, on pourra attendre 6 mois, voire plus, pour qu’un tel contrat soit validé. Mais dans l’intervalle, le médecin candidat sera parti ailleurs !
Que préconisez-vous ?
Il faut faire confiance aux gens. L’hôpital est rentré dans un cercle vertueux, les choses ne s’y passent pas si mal, il n’y a pas d’explosion sociale. Je ne vois pas d’autre service public ayant réussi à se moderniser aussi bien et aussi vite, ni en France, ni à l’étranger !
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