OUF ! Il ne le dit pas tout haut mais c’est presque comme si. Paul Castel, à la tête des Hospices civils de Lyon (HCL) depuis bientôt trois ans, respire. Quand il est arrivé en poste, l’établissement, deuxième CHU de France, était, selon les termes employés à l’époque par le ministère de la Santé, dans une situation « catastrophique » : le déficit d’exploitation approchait des 120 millions d’euros ; l’endettement « colossal » menaçait, sans mesure de redressement, d’atteindre 1 milliard d’euros à l’échéance 2011.
Les choses n’ont pas été toutes seules. En 2008, le projet d’établissement des HCL est rejeté par l’ARH (agence régionale d’hospitalisation) qui somme alors leur pilote de lui présenter à l’été 2009 une nouvelle copie de plan pluriannuel (2009-2013) de retour à l’équilibre. « C’est fait », se réjouit le directeur général. En vertu de ce programme, les HCL tablent en 2010 sur un déficit ramené à 41 millions d’euros (après 86 millions en 2008 et 61,6 millions en 2009). Pour 2011, ils visent les - 29 millions, - 11 millions en 2012 avant de repasser dans le vert (+ 12 millions) en 2013.
La recette ? Paul Castel reconnaît qu’à cette échelle, un hôpital ne la trouve pas – ni ne l’applique – tout seul. « Les HCL, fait-il valoir, ce sont 23 000 salariés, 1,5 milliard d’euros de budget. » De quoi vite donner à tout changement de cap des allures de « très grosse opération ». « On a donc besoin de professionnels de haut niveau, de renommée mondiale, pour nous accompagner en termes de formation, d’audit… » Avant de toucher à ses blocs opératoires, à ses urgences, pour optimiser les modalités de délégation de gestion au sein des pôles, pour moderniser sa politique d’achat, améliorer ses relations avec les usagers…, le CHU se fait donc aider par des prestataires extérieurs, des gros cabinets de consultants (il bénéficiera pour cela cette année de subventions de la toute nouvelle ANAP – Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux).
Passer dans le vert : les leviers.
Sur le fond, le retour à l’équilibre des HCL se fait en partenariat avec le ministère de la Santé qui, en contrepartie, met la main à la poche (subventions de 20 millions d’euros en 2008, 25 millions en 2009). Le CHU assainit sa situation « en poursuivant ses efforts de modernisation et de restructuration », explique son directeur qui insiste sur le fait que ceci n’est pas forcément synonyme de « fermetures ». S’il y a eu « suppressions de doublons » via le redécoupage des HCL en cinq grands regroupements hospitaliers, si la logistique des HCL est fortement restructurée (la stérilisation, la blanchisserie, la « production alimentaire » sont ou vont être centralisées sur un seul site – Saint-Priest), il y a aussi des grues sur les sites lyonnais. « Quatre hôpitaux neufs ont ouvert ou vont ouvrir dans les mois qui viennent », rappelle Paul Castel ; et jusque-là en stand-by parce que beaucoup trop coûteuse au regard de la situation financière du CHU, la reconstruction de l’hôpital Édouard Herriot fait de nouveau l’objet d’études.
Pour non pas économiser mais bien faire rentrer de l’argent dans les caisses, les HCL, propriétaires de quelque 1 500 logements (dont certains relèvent du logement social pour le personnel mais d’autres ont inoccupés) ont arrêté un programme de vente et de valorisation de ce patrimoine : en 2010, ces opérations devraient leur rapporter 23 millions d’euros. « Ce n’est pas notre métier d’être agents immobiliers ! », se justifie Paul Castel.
Et l’emploi ? La maîtrise de la masse salariale est la règle. Sans licenciements. Comme la plupart des CHU, les HCL ne remplacent plus systématiquement les départs à la retraite : chez les personnels administratifs, techniques et logistiques, l’objectif est un remplacement pour trois départs ; un sur deux chez les personnels médico-techniques et trois sur quatre chez les personnels soignants. L’équivalent de 200 postes sont ainsi passés à la trappe en 2008 et 2009.
L’activité restructurée et assurée par moins de bras est-elle en baisse aux HCL ? Le directeur assure que non : « Nous continuons de progresser – en 2009, notre activité a évolué de + 1,5 point – et nous le faisons dans un contexte concurrentiel très sévère. Il faut donc que nous nous organisions dans la perspective de gagner des parts de marché, tout en restant très soucieux de la qualité des soins que nous dispensons. »
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