Les 10 et 11 novembre, près de 40 comités de défense des hôpitaux de proximité se réunissent à Briançon à l’occasion de leurs 19es rencontres nationales. Leur coordination présidée par Michel Antony demande aux pouvoirs publics de donner les moyens aux petits établissements de maintenir la petite chirurgie ou la cardiologie simple.
LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN - Le gouvernement a-t-il suffisamment pris au sérieux la situation des hôpitaux de proximité ?
MICHEL ANTONY - Non, le gouvernement n’a pas encore pris conscience de la nécessité de stopper net toute forme de restructuration sociale, médicale et territoriale, que ce soit dans les petits hôpitaux, les centres IVG ou les CHU. Les services des urgences et de cardiologie sont tout aussi menacés que les maternités. Lorsqu’est survenu le fait divers de Figeac, Marisol Touraine a annoncé que la politique de fermeture des maternités devait cesser. C’est la première fois qu’un ministre se positionne aussi clairement sur le sujet, c’est positif. Mais il ne suffit pas de réagir ponctuellement à un fait divers. Nous attendons que la ministre envoie une consigne ferme aux agences régionales de santé (ARS). Je suis étonné que ce gouvernement, de gauche, n’ait pas encore eu le courage de le faire.
La tarification à l’activité (T2A) porte-t-elle préjudice aux petits hôpitaux, aujourd’hui ?
Oui. Nous ne voulons plus de la T2A, synonyme de concurrence entre les services et les professionnels de santé au détriment de la qualité des soins. Assez de cette déshumanisation !
Depuis les années 1970, 1 000 maternités sur 1 500 ont mis la clé sous la porte. Les fusions hospitalières ont engendré la fermeture de 20 % de lits ces dix dernières années. Aujourd’hui, neuf départements ne possèdent plus qu’une seule maternité. Les déserts gagnent du terrain. À l’hôpital, les personnels sont en burn-out, les infirmiers craquent, les médecins partent et les patients voient augmenter le coût du déplacement jusqu’à l’hôpital de plus en plus éloigné autant que le risque de pertes de chance sur les routes et le temps d’attente sur place. D’un point de vue humain, c’est sidérant.
Et d’un point de vue économique ?
Ça l’est tout autant ! En fermant les hôpitaux de proximité, on engorge les services spécialisés des CHU, où les lits coûtent trois à quatre fois plus cher que dans un hôpital de proximité. De plus, 10 à 15 % des passages à l’hôpital ne nécessitent rien d’autre que de la petite chirurgie ou de la cardiologie « simple » qu’un petit établissement peut tout à fait prendre en charge. Il faut inverser la machine et donner à l’hôpital les moyens de vivre en fonction des besoins locaux. Justifier la fermeture d’un établissement sur un nombre d’actes médicaux jugé insuffisant n’est plus envisageable.
Êtes-vous aussi inquiet sur l’avenir de la médecine libérale dans les déserts et des conséquences pour les patients ?
Plus qu’inquiets, nous sommes tellement outrés de la façon dont se sont passées les négociations sur les dépassements d’honoraires que nous avons ajouté cette thématique à notre programme. Les vrais pigeons, ce ne sont pas les médecins, mais nous, les usagers, qui allons payer le prix fort sans même avoir eu l’occasion de défendre nos opinions à la table des négociations.
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