Le numérique au service du médical

À Metz, une vitrine de l’hôpital 2.0 sort de terre

Publié le 12/12/2012
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Crédit photo : Alain THOMAS

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Crédit photo : Alain THOMAS

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Crédit photo : Alain THOMAS

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Crédit photo : Alain THOMAS

L’HÔPITAL BON-SECOURS de Metz a changé de peau et de siècle. Recroquevillé jusqu’ici en plein cœur de la cité mosellane, il trône depuis le 22 octobre à 15 kilomètres de là, au sommet de l’allée du château, sur le domaine de Mercy à qui il a emprunté le nom. Surtout, ces 100 000 m2, 18 kilomètres de couloirs, 584 lits, 2 300 personnels et 320 médecins et internes bénéficient du tout numérique, une première en France. Quand la plupart des hôpitaux, frileux ou désargentés, s’équipent par petites touches des dernières innovations technologiques appliquées à la médecine, l’hôpital de Mercy, l’un des sept établissements qui composent le CHR Metz-Thionville, se pare du 100 % Wi-Fi et d’une « offre intégrale » qui fait de lui une vitrine de l’hôpital 2.0. En tout, l’hôpital a investi 21 millions d’euros, dont 5,3 millions reversés sur trois ans à la société Orange, partenaire privilégié de l’opération.

Parcours en 3D par SMS, dossier numérique au pied du lit.

Le numérique à l’hôpital ? Une révolution, à en croire la directrice générale Véronique Anatole-Touzet. « En intégrant cette dimension à notre fonctionnement, nous avons amélioré l’accompagnement du patient dans son parcours à l’hôpital, explique-t-elle. Les professionnels de santé ont de meilleures conditions de travail et ont gagné du temps médical, et l’hôpital est mieux connecté au monde extérieur ». Du côté des médecins, on salue la globalité de l’offre. « Élaboré à partir d’un projet médical solide, le numérique est fonctionnel à tout point de vue, notamment dans le travail interservices », détaille le Dr Khalifé Khalifé, cardiologue et président de la CME.

Piqûre de rappel de rendez-vous par SMS, borne d’orientation qui permet aux patients de visualiser leur parcours en 3D dans les dédales de l’immense hôpital (et envoi du plan par SMS), dossier informatisé au pied du lit, gestion automatisée des brancards, offre TV et multimédia dernier cri… On trouve du 2.0 à tous les étages. Dans la salle de régulation médicale des urgences, qu’on imagine survoltée, le numérique apporte un calme olympien. Pourtant, 13 assistants et médecins régulateurs y gèrent 280 000 dossiers par an (dont 40 000 en permanence des soins) et plus d’un appel par minute. « C’est ici que nous ouvrons le dossier de régulation médicale (DRM) qui suit le patient tout au long de sa prise en charge, du SMUR qui doit disposer de renseignements fiables sur l’intervention et l’interrogatoire médical au SAMU jusqu’aux différents services de l’hôpital, indique le Dr Francis Braun, urgentiste en charge du service. Avant, les régulateurs n’avaient sous les yeux qu’un seul écran, difficile à lire. Désormais, ils en ont trois : un pour l’identification du patient et la codification de l’appel selon son degré d’urgence ; un pour le dossier de régulation ; un pour visualiser l’ensemble des services d’urgences de la région et mieux dispatcher le patient.

Le suivi des brancards sur smartphone.

Le Dr Noël Bletter, chef du service de gériatrie, vante lui aussi les mérites du numérique. « La fin du papier est une avancée incontestable, s’enthousiasme-t-il. Imaginez les dossiers monstrueux que se trimballent les patients âgés, certains atteints de maladie chronique et suivis par plusieurs médecins. Le numérique nous donne accès 24H/24 à l’intégralité de l’imagerie et de la biologie, le tout disponible au pied du lit ». Seul le courrier entre médecins échappe à la modernité.

Pascal Gouilly est un autre aficionado du numérique. Pour ce cadre supérieur de santé en charge du transport des patients, le « 2.0 » apporte à l’hôpital « transparence, traçabilité totale et fluidité ». À Mercy, 300 à 400 patients gravitent chaque jour d’un service à l’autre. Les 33 brancardiers et aides-soignants sont équipés d’un smartphone, sur lequel ils reçoivent le nom du service en demande, celui du patient, son numéro de chambre et son lieu de destination. Une fois le transfert effectué, l’agent le fait savoir par le même biais. Avec le Wi-Fi, Pascal Gouilly estime que l’activité de transport en lit ou brancard va augmenter « de 15 % à 20 %, à l’aise » et que le temps d’attente va considérablement se réduire.

Si l’apport du numérique « intra-muros » à l’hôpital semble évident, il n’en est pas de même pour « l’après ». « En France, nous sommes mauvais dans la création du lien numérique entre l’hôpital et la médecine de ville », reconnaît le Dr Khalifé. La cause ? Toujours la même. La compatibilité des logiciels.

 ANNE BAYLE-INIGUEZ

Source : Le Quotidien du Médecin: 9205