Le ministre de la Santé Olivier Véran a-t-il répondu à vos attentes et vos revendications ?
La situation est extrêmement complexe. Nous n’avons pas réussi à obtenir le moindre rendez-vous avec le cabinet du ministre ni avec la DGOS. Quatre jours avant la grève, nous avons eu un appel du ministre qui nous a fait une proposition qui n’avait rien à voir avec nos revendications. Cela n’était pas acceptable. Nous lui avons donc renvoyé des contre-propositions avec des chiffrages qui ne correspondaient pas du tout. Ces mesures étaient chiffrées par son cabinet à plus de 2 milliards d’euros alors qu’elles s’élèvent pour notre part à moins de 450 millions.
Comment allez-vous réagir ?
Il est obligatoire de négocier pendant un préavis et une grève et cela n’a pas été le cas. Et nous ne sommes pas en mesure de manifester en raison de la crise sanitaire : impossibilité de rassemblements de grande ampleur, travail sur le terrain. En conséquence, nous allons déposer un recours en référé-suspension auprès du tribunal administratif afin de rétablir le dialogue social. Le tribunal devrait donner sa réponse d’ici à quelques semaines, notre demande de référé sous 48 heures n’ayant pas été acceptée.
Quel est le nombre de grévistes sur le terrain ?
La mobilisation est très hétérogène et a lieu uniquement le lundi en raison du contexte. Les rassemblements sont impossibles. Tout se fait par mail et sur les réseaux sociaux. Pis, c’est un maillage qui ne couvre pas forcément tout le territoire. Selon les retours obtenus, la participation est assez importante et dure dans le temps. Toutefois, certains services sont grévistes à 100 %, tout en ayant une activité normale. Nous allons continuer le mouvement sous des formes assez créatives. Nous avons été rejoints par d’autres syndicats de PH qui font partie des signataires du Ségur, les réanimateurs médicaux de la CMH et les pédiatres de l’INPH.
Les PH mènent la grève uniquement le lundi ?
Oui, ils sont souvent assignés et doivent s’occuper des patients. Car au centre hospitalier de Perpignan, nous n’avons pas encore rattrapé le retard dû aux déprogrammations de la deuxième vague. Même s’il n’est pas un CHU, c’est un gros établissement qui compte 220 PH, et au total 350 à 400 médecins.
Pourquoi est-ce si difficile d'avoir un taux de participation précis ?
Normalement les taux des grévistes, assignations comprises, sont remontés au ministère. Ces chiffres tiennent compte soit du nombre total de médecins, soit du nombre de médecins censés être présents le jour de la grève. De plus, certains personnels comme les hospitalo-universitaires, les praticiens contractuels, ceux en période probatoire ne sont pas concernés. Par exemple, si sur un service de 20 médecins on compte 5 hospitalo-universitaires, le ministère partira d’un total de 20 médecins pour identifier le taux de grévistes. Au final, nous évaluons environ le taux national de grévistes entre 20 et 30 % des PH, ce qui représente un chiffre très important. Plus représentatif, sur 44 000 PH, 5 000 d’entre eux ont contesté leurs indemnités de reclassement (versées depuis octobre) auprès du CNG. Selon une enquête auprès des PH, 80 % des sondés sont mécontents des modalités de la réforme. Une pétition lancée récemment mobilise déjà 35 000 signataires. Autant d’exemples de signes de mécontentement. Bref, cette mesure va vider de plus en plus les hôpitaux de ses praticiens.
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