Lettre à Macron : un médecin réécrit « le Déserteur », de Boris Vian, pour alerter sur l’état de l’hôpital

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Publié le 30/01/2018
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Crédit photo : Phanie

Le Dr Anne Besançon-Bergelin est médecin… et un peu poète. Cette interniste du service hématologie-cancérologie du centre hospitalier du Mans s’est inspirée de la chanson de Boris Vian, « le Déserteur », pour interpeller, dans un courrier qu’elle lui a adressé, le président de la République sur les difficultés d’exercice à l’hôpital. Elle s’en est expliquée au journal « Le Maine Libre » qui reproduit sa lettre.

Dans ce joli texte, le Dr Besançon-Bergelin évoque sa passion pour le métier de soignants, son empathie pour les patients mais elle y dénonce également la logique financière qui pervertit la mission de l’hôpital. « Hier encore Hôpital / Rimait avec social / Demain coupe budgétaire / Appellera la misère » ou encore « Dévouée à l'hôpital / Esculape est mon maître / Œuvrant pour le mieux être / Et pas le capital », écrit le médecin qui déplore également la lourdeur administrative, au détriment du temps passé avec les malades.

Alerter l'opinion publique

Au « Maine Libre », elle explique sa démarche d’« alerter l’opinion publique sur la situation des hôpitaux et les menaces que font peser la politique de santé publique sur la qualité des soins ». Le médecin tire la sonnette d’alarme : « Nous arrivons encore à produire un travail de qualité mais il faut arrêter de tirer sur la corde maintenant ! »

Cette démarche fait écho à celle du mouvement de défense de l’hôpital public, qui incitait, dans une lettre ouverte parue dans « Libération », la ministre de la Santé Agnès Buzyn à revenir sur le tout T2A (tarification à l'activité) à l’hôpital et à diversifier les modèles de tarification.

À ce jour, le texte du Dr Besançon-Bergelin est resté lettre morte.

Le cri du cœur, sur l’air du « déserteur »

Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps

Cela fait plus de trente ans
Que je traîne mes guêtres
Pour soulager les êtres
Avec ces gens en blanc

On y croise la mort
La peur et la douleur
La vie qui perd des fleurs
Le mal qui prend des corps

Monsieur on y apprend
La science et l'impuissance
La vraie reconnaissance
La noblesse d'un souffrant

Dévouée à l'hôpital
Esculape est mon maître
Œuvrant pour le mieux être
Et pas le capital

Le service public
Prend le malade en charge
L'humain n'est pas en marge
De « beaux » actes techniques

Pitié pour notre temps
Usé en réunions
Pour l'optimisation
Pour sauver de l'argent

Du temps pour expliquer
Pour comprendre pour guérir
Pas seulement les messires
Les surdoués les friqués

Hier encore Hôpital
Rimait avec social
Demain coupe budgétaire
Appellera la misère

Bien sûr nul ne l'entend
Le mort jamais ne crie
Mais la vie n'a pas de prix
Monsieur le Président

Un soignant de l'hôpital du Mans (Et Merci à Boris Vian).

Source : lequotidiendumedecin.fr