LE PACTE de confiance à l’hôpital accouchera-t-il d’une souris ? Le monde hospitalier s’interroge en tout cas sur la vaste concertation engagée par le gouvernement (mission Couty) et ses retombées concrètes.
Les trois groupes de travail mis sur pied en septembre (service public hospitalier, dialogue social au sein de l’hôpital public et gouvernance/fonctionnement) se réunissent deux fois par semaine, et pour l’heure, rien de bien concret ne semble se dessiner. Les médecins qui y siègent expriment un certain agacement. « Pour l’heure, ce ne sont que palabres, postures et longs monologues », déplore ce participant.
Le Dr Rachel Bocher, présidente de l’INPH, le dit avec ses mots : « Les discussions s’embourbent car il y a trop de monde autour de la table. Les médecins sont noyés dans des groupes de 60 personnes. Mélanger les médecins et la fonction publique hospitalière entraîne des discussions surréalistes ». « C’est le grand flou, complète le Dr Bertrand Mas, vice-président d’Avenir hospitalier. Rien de concret ne se dessine, ça manque d’un cadrage. On ne sait pas où ils veulent nous amener ».
Chaque organisation syndicale a sa propre ligne rouge à ne pas dépasser. « On est contre l’individualisation des rémunérations, et on le restera », prévient ainsi le Dr Jacques Trévidic, secrétaire général de la CPH.
La CME, sujet sensible
Parmi les sujets qui divisent les participants (directeurs, médecins, paramédicaux, fédérations hospitalières...), la place du médecin à l’hôpital ne fait pas l’unanimité. Certains souhaitent un rapprochement entre Commission médicale d’établissement (CME) et Comité technique d’établissement (CTE). « C’est hors de question!, prévient le Dr Jean-Pierre Esterni, secrétaire général du SNAM-HP. La question sous jacente est claire : le personnel médical reste-t-il un personnel à part, avec son dialogue social spécifique, ou pas ? Les directeurs d’hôpital ont peut-être intérêt à mettre les médecins et les aides soignants dans le même sac, mais cela ne passera pas ».
Les présidents de CME campent sur la même position : « La CME ne peut être un CTE médical. Il faut se méfier du déclassement médical », déclare le Pr Guy Moulin (AP-HM), président de la Conférence des présidents de CME de CHU. A contrario, Avenir hospitalier est favorable à l’entrée des intersyndicales médicales au sein des CME. En creux se pose la question de la représentativité des syndicats de médecins hospitaliers, un sujet délicat, qui n’a pas encore trouvé de réponse au plan national.
Ce syndicaliste estime que cette période est propice à de nouveaux jeux d’alliance. « Les lignes vont bouger bientôt. Les intersyndicales sont représentatives d’une époque. Il faut changer de braquet et ménager une place aux jeunes et aux présidents de CME ». Les trois groupes de travail de la mission Couty continuent de se réunir jusqu’en décembre. Édouard Couty remettra ses conclusions à la ministre au mois de janvier.
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