« SCIENCES et avenir » publie la première liste noire des hôpitaux en 1997. Depuis, les palmarès et hits parades se multiplient. Samedi dernier, le « Figaro magazine » a placé le centre hospitalier de la Roche-sur-Yon en tête des meilleurs établissements de plus de 600 lits. Devant les CHU, qui n’ont pas digéré l’affront. Chaque classement fait réagir les professionnels. Ça discute dans les couloirs des hôpitaux, au sein des Agences régionales de santé, et jusqu’au ministère de la Santé, tandis que l’impact sur les patients reste à prouver. « C’est le médecin traitant qui garde le plus fort pouvoir d’influence », estime Alain Hériaud, directeur général du CHU de Bordeaux.
Pression médiatique.
S’ils ont admis, non sans mal, la pression médiatique, les directeurs d’hôpital restent sur la défensive, et se sentent piégés dans un engrenage qui les dépasse. Certains contestent la méthodologie employée par les media. « À quoi bon nous questionner sur la chirurgie ambulatoire quand on ne fait ni cataracte, ni prostate ? », lance ainsi le directeur du centre hospitalier de Carcassonne.
François Malye, journaliste au « Point », est intervenu au colloque de l’ADH pour défendre son classement annuel. L’hebdomadaire passe en revue 63 pathologies ; le PMSI est complété par d’autres sources d’information, et par un questionnaire. « On essaye de répondre aux questions des patients : où me faire opérer, par qui, et combien ça va me coûter ? », expose François Malye. Aux yeux du journaliste, la prochaine étape, inéluctable, sera la diffusion d’indicateurs de résultats. La Grande-Bretagne a un train d’avance, rappelle notre confrère du « Point ». Les hôpitaux y renseignent une base comprenant 350 indicateurs, qu’une agence nationale surveille de près. « Quand ça tourne mal, l’agence appelle le directeur et envoie un contrôleur ». Le magazine « Time » a franchi une nouvelle étape, avec un classement d’hôpitaux selon leur taux de mortalité.
Impossible en France ? Cela n’en prend pas le chemin à court terme, malgré la promesse d’une publication systématique des résultats des établissements de santé faite par Nicolas Sarkozy... en 2007. Le législateur, depuis, a chargé la Haute autorité de santé (HAS) d’établir le premier palmarès hospitalier officiel de l’Hexagone. Personne n’en a encore vu la couleur. La procédure est longue et complexe, se défend Thomas Le Ludec, directeur de l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins à la HAS. En guise d’apéritif, la HAS s’apprête à ouvrir un site à destination du grand public, afin de vulgariser les volumineux - et nébuleux - rapports de certification des établissements de santé.
P4P hospitalier.
Face à cette lenteur toute administrative, la presse contre-attaque. Le « Point » a saisi la commission d’accès aux documents administratifs pour accéder à Hospi-diag, ce nouvel outil créé par la loi HPST, et que seules les ARS peuvent consulter. Hospi-diag est une plateforme de données qui regroupe 68 indicateurs, du taux d’absentéisme à la durée de séjour d’un établissement, en passant par la gestion de ses blocs ou de ses ressources humaines. Chaque hôpital, chaque clinique, est tenu de renseigner Hospi-diag depuis sa mise en place. Quelques-uns de ces indicateurs seront retenus pour l’instauration d’un intéressement à la performance, sorte de carotte venant compenser les sanctions prévues pour ceux qui refuseraient de diffuser au grand public leurs indicateurs de qualité.
Le ministère de la Santé souhaite imposer trois indicateurs pour ce « P4P » hospitalier : le délai de transmission du courrier de sortie au médecin traitant, le taux de chirurgie ambulatoire, l’indice de coût relatif du bloc. Mécontentement des hôpitaux publics, qui espèrent peser sur la négociation en cours : « Deux indicateurs sur trois sont chirurgicaux, cela favorise un secteur [le privé, NDLR] plus qu’un autre », considère René Caillet, responsable du pôle organisation sanitaire à la Fédération hospitalière de France (FHF). « Il faut préserver l’autonomie de gestion des hôpitaux face aux ARS, mais cela n’en prend pas le chemin, quand on voit que le taux de chirurgie ambulatoire est aussi un indicateur qui sert à évaluer les DG d’ARS », ajoute-t-il à regret.
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