ANCIENNE NUMÉRO 2 de la SNCF, directrice générale depuis septembre du premier CHU d’Europe, Mireille Faugère, invitée des dernières Éditoriale (1), s’est livrée de bonne grâce au petit jeu des comparaisons. Le rail et l’hôpital ? Il y a des points communs, a convenu la pilote de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), mettant d’abord sur la table la carte des « valeurs » : SNCF ou CHU, « on n’est pas dans ces entreprises par hasard », constate Mireille Faugère. Autre parallèle : « La prédominance des métiers ». « Il y en a plus de 1 000 à l’AP. C’est un milieu extrêmement professionnel, la compétence est grande », fait valoir la directrice générale en ajoutant dans la foulée que, comme souvent en pareille circonstance, « le cloisonnement est grand » aussi.
La détestation du siège est également un « sujet commun », s’amuse Mireille Faugère : « Sur le terrain, on le trouve gras, bureaucratique… » Et dans un registre proche, on y « partage l’impression qu’il y a une mauvaise compréhension par les tutelles des ressorts de la transformation », ce qui « pèse sur l’ambiance ».
Mireille Faugère poursuit son analyse par cette pirouette : « Ce qu’il y a à l’AP-HP qui n’existe pas à la SNCF, ce sont les médecins. » Et avec leur présence, « la gouvernance est beaucoup plus complexe ». C’est la première fois, convient-elle, qu’elle doit composer avec des professionnels sans entretenir avec eux de rapport hiérarchique. Et quels professionnels ! Quand des oreilles extérieures s’en mêlent, la directrice reconnaît que sa tâche se complique. Grands pontes, les médecins de l’AP-HP peuvent fréquenter les grands de ce monde – ne serait-ce que parce qu’ils les soignent. Mireille Faugère a déjà compris qu’entre la parole de ces praticiens « et la parole de la directrice générale, la mienne va vite paraître très "techno" ». Elle en tire les conséquences : « Quand il y a une prise de parole de médecins, il faut que (les autorités) sachent les conceptualiser », ce qui suppose qu’elle-même, directrice générale, aille sans relâche « expliquer les projets de transformation de l’AP-HP ». Ce travail, elle l’avoue, « est un peu une course ».
Quant à la réforme de la gouvernance intervenue dans le cadre de la loi HPST, Mireille Faugère n’en commente pas le fond – « Ne l’ayant pas connu, je ne peux pas avoir la nostalgie du mode de gouvernance d’avant » – mais elle en mesure les effets : « Les médecins de l’AP-HP ont vécu cette loi comme une loi "contre eux". Il y a eu des formules très fortes, comme "un seul patron à l’hôpital", qui ont beaucoup marqué – d’autant que le terme "patron" est très symbolique pour un médecin. Ceci a occasionné beaucoup de brouillage. »
(1) Manifestation organisée par « Décision Santé » avec le soutien du « Quotidien » et de Bristol-Myers Squibb.
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