Notre système de santé est touché par des difficultés d’organisation territoriale. Les citoyens et les professionnels vivent mal ces problèmes car ils se sentent peu écoutés et mis à l’écart des décisions prises par les pouvoirs publics pour y répondre. Dans ce contexte, l’une des plus vives préoccupations dans les territoires français concerne l’avenir des maternités. Celles-ci sont, en effet, les premières à souffrir des difficultés d’organisation territoriale. Ainsi, en quinze ans, un tiers de ces structures ont été fermées. Nous pensons donc nécessaire une remise à plat des politiques actuelles qui sont à l’origine de l’incompréhension de nos concitoyens des territoires fragiles.
Des politiques imposées
L’État détient une puissance institutionnelle forte : il décide des budgets, prend les décisions de formation des médecins et des professionnels de santé et organise les moyens sanitaires. Ainsi, malgré l’existence de nombreuses discussions et négociations, le système reste très centralisé. Les professionnels, les élus et les patients se sentent donc souvent floués au moment des prises de décision, en particulier quand elles concernent la fermeture de centres de soins, en particulier de maternités.
Les disparitions de maternités sont un exemple évident des failles du raisonnement et du fonctionnement. Depuis vingt ans, le Ministère de la Santé a redéployé ses moyens dans une stratégie de sécurité et d’économie. Tout le monde partage l’argument de sécurité. Mais nous pensons aussi que des maternités de taille moyenne, humaines et bien organisées sont des lieux idéaux pour les mamans et les familles.
Les agences régionales sont actuellement en train de décider la fermeture de plusieurs maternités. Saint-Chamond, Die, Creil, Saint-Claude, Le Blanc… apparaissent comme des petites villes qui subissent une double peine : celle de la paupérisation générale et celle de l’isolement des jeunes couples. Des cessations d’activités d’autres établissement se préparent. L’Etat justifie ces fermetures par le faible nombre de médecins disponibles. Rappelons pourtant que c’est le Ministère qui, en 1995, avait publié les décrets fixant les normes en termes de personnels médicaux et paramédicaux. De même, les schémas régionaux d’organisation sanitaire, - le dernier date de 2018 - qui déterminent les localisations de maternités sur l’ensemble des territoires ont été validés sans contestations majeures jusqu’à présent. Ces fermetures n’étaient donc ni programmées, ni partagées par les populations qui se trouvent placées devant le fait accompli.
Une mise à plat nécessaire
Le nombre de médecins dans les maternités est effectivement insuffisant. Mais, c’est du devoir des dirigeants de la santé et des Universités de former les médecins et les sages-femmes et de prévoir les effectifs nécessaires au bon fonctionnement des maternités. Ce ne sont pas les structures qui doivent s’adapter au nombre de professionnels. Au contraire, c’est bien le nombre de médecins obstétriciens à former qui devrait, en théorie, correspondre aux besoins des maternités validés dans les différents schémas.
Dans tous les établissements, il existe un nombre plus ou moins important de postes de médecins vacants. Mais, comme toujours, seuls les plus faibles - et donc les maternités les plus petites et les moins épaulées - disparaissent. Pour répondre à cette inégalité de traitement, nous pensons donc qu’il est urgent de réaliser, dans chaque région, une évaluation objective des besoins médicaux, toutes activités confondues et tous secteurs confondus.
La démocratie sanitaire au secours de la démocratie
Si l’État ne répond pas à ce problème de manière raisonnée et concertée, il prend le risque de voir se creuser encore davantage une rupture avec les mères et les pères – donc avec ses citoyens - et les élus qui avaient fait confiance aux schémas gouvernementaux fixés. De plus, il met en péril notre démocratie. En effet, l’aggravation de la situation des déserts médicaux est vécue par tous les Français dans leur vie quotidienne ou à travers celle de leurs proches, lors de leurs déplacements professionnels ou pendant leurs vacances. Et ce problème qui participe à la perte d’attractivité des régions touchées entraine la chute de confiance des citoyens dans les services publics et donc dans l’État et son fonctionnement tout entier. Pour que notre démocratie ne se fracasse pas sur les déserts médicaux, donnons donc un sens à la démocratie sanitaire pour agir et proposer des solutions alternatives.
Donner espoir
Une voie de passage pourrait se trouver dans la construction de vrais réseaux de périnatalité, fondés sur des centres périnataux de proximité articulés avec des maternités d’équilibre et des facilités de transport sanitaire. Ces centres périnataux seraient des points d’entrée pour les parturientes, accessibles 24h/24, en lien la nuit avec les urgences et organisant les transports sanitaires pour les urgences vers la maternité de référence. Par ailleurs, ces centres qui fonctionneraient avec des capacités d’hébergement, sous forme de structures avancées des maternités, organiseraient le séjour hôtelier des parturientes dans la commune siège de la maternité en lien avec les caisses d’assurance maladie.
En d’autres termes, l’idée est de construire un réseau organisé et structuré déployé dans les territoires distants d’une maternité, fonctionnant comme points d’entrée, là ou n’existent aujourd’hui que des centres de consultation avancées.
D’autres idées et solutions existent et nous avons décidé de créer un lieu d’étude et d’action qui proposera des solutions alternatives et positives, porteuses d’avenirs moins déprimants.
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