L’hôpital Edouard Herriot à Lyon vient de se doter une chambre hyperbare flambant neuve qui lui permet d’accueillir désormais 16 patients simultanément. « L’ancien caisson, qui ne comptait que quatre places couchées, nous permettait d’effectuer environ 6 000 séances par an », explique le Dr Thierry Joffre, médecin au centre de médecine hyperbare de l’hôpital Edouard Herriot.
« En novembre par exemple, nous avons reçu une vingtaine de patients, qui avaient été intoxiquées au monoxyde de carbone dans une église », poursuit le praticien. Les nouvelles installations vont permettre d’augmenter la capacité de 400 %. Une amélioration bienvenue, car le centre couvre un bassin de 300 km autour de Lyon, qui compte 10 millions d’habitants.
« Il n’y a que vingt chambres hyperbares en France, civiles et militaires. Nous avons donc des patients qui viennent de très loin pour se faire soigner chez nous », précise le Dr Joffre. Dans la moitié des cas, il s’agit d’une urgence. « Nous sommes très sollicités pour les intoxications au monoxyde de carbone entre octobre et mars, en période de chauffe. Cela représente 100 à 150 patients par an. Nous avons également une centaine d’accidents de plongée par an », explique le Thierry Joffre. L’intoxication au monoxyde de carbone est d’ailleurs loin d’être la principale utilisation de la chambre hyperbare.Mais l’oxygénothérapie hyperbare est aussi utilisée pour d’autres indications, moins courantes.
Surdités brusques.
« Nous l’utilisons pour traiter des infections à germes anaérobies des parties molles. Le caisson s’ajoute à la chirurgie et aux traitements antibiotiques ». Les traumatismes avec écrasement des parties molles (crush syndrome) sont une autre indication. La réoxygénation des tissus permet de réduire « le niveau d’amputation : seulement le bout des doigts au lieu d’un bras par exemple », détaille le Dr Joffre. Le traitement est également utilisé en cas d’ischémie aiguë par atteinte de la microcirculation tissulaire, comme les gelures, les vascularites, ou les lésions de calciphylaxie. Les autres indications, plutôt chroniques, vont de la cicatrisation de tissus ischémiques, notamment chez les patients diabétiques ou artériopathiques, à certaines surdités brusques, en passant par les lésions survenues après une radiothérapie. « En traitant pour le monoxyde de carbone, on s’est aperçus de la faculté cicatrisante de l’oxygène hyperbare, raconte le Dr Joffre. On peut refaire des vaisseaux sanguins là où il n’y avait que des zones cicatricielles, ce qui permet ensuite au tissu sain de se reformer. » Là encore, le traitement vient compléter d’autres techniques, comme la chirurgie.
Claustrophobie
Dans le cas des surdités brusques, qu’elles soient dues à un accident de chasse, militaire, ou à une perte auditive suite à une rave-party, l’oxygénothérapie hyperbare permet d’améliorer la situation. « Dans 30% de ces cas, la surdité est due à une hypovascularité. Les capillaire sont très fins et peuvent être écrasés s’il y a un oedème localement. L’oxygénothérapie hyperbare permet une meilleure diffusion de l’oxygène qui peut soigner l’oedème et rendre les décibels perdus au patient », explique le Dr Joffre. Selon l’indication, la séance dure entre 2 et 8 heures et la « plongée » s’effectue sous une pression équivalente à 15 mètres (2,5 fois la pression atmosphérique, pour les effets cicatrisants) ou 50 mètres (6 fois la pression atmosphérique), notamment pour les accidents de plongée. Pour ces fortes pressions, le mélange gazeux est adapté, ni trop pauvre, ni trop riche en oxygène, car ce dernier est toxique à très forte pression et l’azote peut provoquer une « ivresse des profondeurs ». « Dans ce cas on utilise de l’hélium », précise le Dr Joffre. Les contre-indications de la technique sont rares : pneumothorax ou syndrome coronarien aigu « et on trouve toujours une solution », indique le médecin hyperbare. Pour lui, le principal frein est souvent « la claustrophobie des patients ». La technique est plutôt sûre et les effets secondaires bien encadrés. « On peut observer une crise convulsive si on donne trop d’oxygène et un risque de fibrose à long terme s’il y a beaucoup de séances ». Mais les traitements sont administrés à des doses inférieures aux seuils toxiques, afin d’éviter ces problèmes. « Et même si on arrête le traitement, en cours, ce qui a été acquis grâce au caisson n’est pas perdu », conclut le Dr Joffre.
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