L’INSTITUT de recherche et documentation en économie de la santé (IRDES) s’est penché dans une étude* sur quatre prises en charge : la chirurgie du cancer du côlon, l’intervention pour prothèse totale de hanche, l’infarctus aigu du myocarde, et l’accident vasculaire cérébral.
Principal enseignement : la T2A a modifié les pratiques médicales hospitalières (d’autres réformes peuvent aussi être en cause, nuance l’IRDES). La baisse des taux de mortalité à 30 jours, enclenchée avant le passage en T2A, s’est accentuée ces dernières années. Un succès à mettre sur le compte des progrès médicaux. A contrario, les réadmissions à 30 jours - considérées comme un événement indésirable potentiellement évitable - sont plus fréquentes. Pour l’infarctus par exemple, ce taux est passé de 23,7 % à 27,2 % entre 2003 et 2009. Une tendance « alarmante » qui requiert « un suivi régulier et des analyses plus approfondies », selon l’IRDES. Pour chaque prise en charge observée, les séjours ont été écourtés en moyenne de quelques jours, y compris chez les sujets âgés et les cas sévères.
L’activité des hôpitaux publics dopée par la T2A.
Au renvoi prématuré au domicile, au morcellement des séjours, s’ajoute la multiplication des actes techniques. Les endoscopies sont plus nombreuses, les chirurgies de la cataracte - profitables en T2A - également. Les prostatectomies (après 50 ans) ont presque doublé entre 2002 et 2007. Le nombre de prothèses totales de hanche, en revanche, est stable depuis 2002.
Les patients âgés et polypathologiques ne semblent pas discriminés : l’IRDES ne relève pas l’existence d’une sélection des patients à bas risque. Le surcodage de l’activité ambulatoire enregistré sur la période 2004-2006 est quant à lui régulé depuis qu’une tarification des actes frontières est en place. L’étude de l’IRDES confirme que la T2A a dopé l’activité des hôpitaux publics : « La production a crû plus fortement que les ressources en personnels et en lits ».
En conclusion, l’IRDES constate que l’évaluation de la T2A en France reste partielle. L’Institut demande la mise en place de nouveaux indicateurs de façon à suivre au plus près les volumes d’activité, la qualité des soins et la pertinence des actes médicaux et chirurgicaux.
* Document de travail n°56 intitulé « Activité, productivité et qualité des soins des hôpitaux avant et après la T2A », avril 2013, en ligne sur le site www.irdes.fr
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