POUR QUI voterez-vous ? La question, posée à deux jours du scrutin, embarrasse les membres de la Fédération hospitalière de France (FHF) contactés par « le Quotidien ». Difficile de miser publiquement sur un cheval s’il s’avère ne pas être le bon.
« Je voterai pour mon camp, affirme anonymement cet élu de droite, convaincu de la victoire du maire UMP de Fontainebleau, Frédéric Valletoux, car le conseil d’administration de la FHF penche à droite. »
La gauche, naturellement, ne l’entend pas de cette oreille. Et invoque la règle, non écrite, de l’alternance politique.« L’alternance garantit l’indépendance, l’efficacité et la crédibilité de la FHF », expose Yves Tavernier, ancien député socialiste et administrateur de la FHF. Dans son esprit, Paulette Guincharddevrait « naturellement » succéder à Jean Leonetti.
Les deux candidats en lice affirment se tenir au-delà des clivages politiques. Frédéric Valletoux : « Quand la FHF-Ile-de-France [que lui-même préside, NDLR] a tapé du poing sur la table face à l’ARS [agence régionale de santé] au sujet de la permanence des soins hospitalière, en disant que le projet [de réduction des lignes de garde] allait fragiliser les hôpitaux, je ne me suis pas demandé si cela allait poser problème au gouvernement ou pas. » Dans le même état d’esprit, Paulette Guinchard évoque ses priorités, apolitiques. La nécessaire réforme du mode de financement des hôpitaux, la défense de la place centrale de l’hôpital dans la prise en charge médicale, aux côtés de la médecine générale. Lorsqu’on interroge l’ancienne ministre sur la victoire surprise de la gauche au Sénat, la réponse fuse : « C’est une évolution démocratique incroyable, qui confirme le grand doute des élus locaux par rapport à la gouvernance actuelle. »
Des médecins indécis.
Le parallèle peut être établi avec la FHF. Les élus s’y sentent peu écoutés. Paulette Guinchard comme Frédéric Valletoux envisagent des aménagements dans la gouvernance hospitalière afin de les remettre dans le jeu, en militant pour permettre au conseil de surveillance de voter l’EPRD (le budget), par exemple.
Et les médecins, qui constituent le tiers des administrateurs – et donc des électeurs – de la FHF ? Vent debout durant l’examen de la loi HPST, ils semblent à présent divisés. Alain Destée, soutien officiel de Martine Aubry pour 2012, a fait campagne en faveur de Paulette Guinchard, affirme un de ses confrères. Pour lequel « Frédéric Valletoux offre une alternative jeune, dynamique et moderne de la FHF ». Aux yeux de ce PH, « une majorité de médecins soutiennent Valletoux. Paulette Guinchard est la candidate d’un certain nombre de directeurs. Elle connaît mal le secteur sanitaire, dont elle a une vision d’usager, pas de professionnel. Si elle est élue, la FHF perdra en influence ». Plusieurs médecins électeurs confient n’avoir pas arrêté leur choix, à deux jours du scrutin. Untel se montrera sensible à la défense des ponts ville-hôpital. Tel autre, PUPH, votera pour celui ou celle qui défendra au mieux les CHU. Aplanies, les tensions d’hier liées à la gouvernance hospitalière ? Pas pour tous. « J’espère que mes collègues qui voteront auront la mémoire des débats, glisse cet autre professeur. La FHF avait appuyé les prises de position des directeurs. »
Malgré les crispations, personne n’est parti en claquant la porte il y a deux ans, au plus fort de la crise. Yves Bur, lui, a quitté la FHF au début du mois. « Je ne perds pas mon temps là où il n’y a plus rien à faire », lâche-t-il, amer. Son souhait de se porter candidat à la présidence de la FHF n’a pas convaincu son camp. Trop clivant, Yves Bur ? « Je ne cadrais pas avec le profil attendu », reconnaît le député UMP du Bas-Rhin. Frédéric Valletoux, donné gagnant par une majorité de personnes interrogées, n’est pas consensuel pour autant. Trop proche de Copé, Pécresse et Sarkozy, dit-on. « Les trois précédents présidents – Gérard Larcher, Claude Evin, Jean Leonetti – se sont placés au-dessus du combat droite/gauche. La fédération ne doit pas être tremplin dans un parcours politique : il est essentiel que cela demeure », confie, sceptique, cet élu. Les jeux restent ouverts.
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