SOUS LE DOUBLE EFFET de sa taille et de la récente histoire budgétaire de l’hôpital public, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) paie cette année un très lourd tribut à la politique tarifaire du gouvernement. La baisse des tarifs décidée tardivement pour tous les établissements hospitaliers en 2011 (- 0,8 %, « le Quotidien » du 1er mars) va lui coûter 13 millions d’euros ; la nouvelle échelle de classification (passage de la V11b à la V11c de la tarification à l’activité – T2A) 12 millions d’euros ; la réintégration dans les tarifs de certains dispositifs médicaux implantables 5 millions d’euros et l’application (pour la dernière année) du coefficient de transition (qui corrige les écarts de traitement entre hôpitaux hérités du budget global) 41 millions d’euros. Au total, 71 millions d’euros échappent donc ainsi cette année à l’escarcelle du premier CHU de France, soit un peu plus de 3 % de ses recettes T2A.
Ces chiffres ont été présentés mardi dernier à la CME de l’AP-HP, juste avant que lui soient communiquées les grandes lignes du très attendu EPRD (état prévisionnel des recettes et des dépenses) 2011 de l’établissement. Un budget qui, s’adaptant à cette donne tarifaire un peu surprise, table pour compenser le manque à gagner sur une activité en hausse de 2,4 % (alimentant des recettes totales de 6,47 milliards d’euros – dans l’hypothèse où les enveloppes MIGAC seront « dégelées » en cours d’exercice) et sur une augmentation des charges (6,57 milliards d’euros) contenue à + 1,2 %.
L’effort d’efficience consenti par l’AP-HP cette année représente 130 millions d’euros, la hausse programmée du volume d’activité le finance aux deux tiers, les économies « payent » le tiers restant.
Du volume pour la chirurgie et la médecine.
Où le CHU espère-t-il progresser en volume ? En chirurgie (l’AP-HP escompte 2 000 séjours de plus que l’an dernier), en médecine (6 000 séjours supplémentaires), en obstétrique (+ 400 séjours) et en HAD (avec une hausse prévisionnelle du nombre de journées de 5,5 %). Quant aux efforts sur les charges, ils concerneront la gestion des dépenses de médicaments et surtout la masse salariale. Globalement légèrement en hausse (avec des dépenses contenues à + 0,2 %), celle-ci devrait toutefois voir disparaître un millier d’emplois (en 2010, 900 environ sont déjà passés à la trappe). Les secteurs administratifs et logistiques sont les premiers touchés ; les emplois médicaux, eux, restent stables. L’investissement se maintient à hauteur de 500 millions d’euros (dont plus de la moitié sont financés par l’emprunt).
Ce budget prévisionnel (qui doit encore obtenir l’aval des tutelles et qui sera présenté en juin au conseil de surveillance du CHU) permet à l’AP-HP de stabiliser son déficit autour de 100 millions d’euros. À condition que les enveloppes MIGAC, gelées par la tutelle, lui soient en fin de compte versées. Si cela ne devait pas être le cas, le « trou » de l’AP-HP atteindrait les 132 millions. Et la perspective d’un retour à l’équilibre en 2012, exigence du président de la République pour tous les hôpitaux, s’éloignerait d’autant.
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