Achats groupés à l’hôpital

Le gisement d’économies des produits de santé

Publié le 03/11/2011
Article réservé aux abonnés
1320286461295129_IMG_70565_HR.jpg

1320286461295129_IMG_70565_HR.jpg

1,5 milliard d’euros : c’est la somme que dépense chaque année UniHA, un réseau coopératif d’achats groupés, auquel adhèrent 54 hôpitaux (notamment tous les CHU). Les achats sont organisés en filières : biologie, informatique, énergie, restauration, médicaments, dispositifs médicaux…

Les fournisseurs ont répondu présent à la journée de rencontre que vient d’organiser UniHA à Paris. L’enjeu est important pour les industriels de la santé. UniHA, pour faire court, cherche à en avoir plus pour son argent. Son président, Jean-Olivier Arnaud, directeur général du CHU de Nîmes, résume : « Nous avons déjà fait un gros travail de massification pour réduire la diversité de nos achats de médicaments. Nous nous attaquons aujourd’hui aux dispositifs médicaux, pour lesquels il existe une grande variété de produits, d’une durée de vie assez brève ».

Il existe 70 000 références de dispositifs médicaux sur le marché. Pour convaincre les prescripteurs de changer leurs habitudes, les pouvoirs publics misent sur un nouvel outil, la contractualisation avec les chefs de pôle. « C’est un levier structurel très fort » pour « responsabiliser les acteurs », indique Yannick Le Guen, chef de la sous direction du pilotage de la performance des acteurs de l’offre de soins, à la DGOS (ministère de la Santé). UniHA permet à ses adhérents, grâce à sa démarche groupée, d’économiser 6 % sur leurs achats en produits de santé. Soit 63 millions d’euros par an. Soucieux de rassurer les médecins, le réseau hospitalier met en avant l’une de ses opérations phares, le regroupement des achats de médicaments anticancéreux. Économie attendue : 33 millions d’euros. La santé publique fait partie intégrante de la démarche, souligne le pharmacien de l’AP-HM (CHU de Marseille) qui supervise le projet. « Acheter collectivement les médicaments de référence, déclare Marc-Pascal Lambert, c’est renforcer la vigilance, mais aussi, grâce aux économies réalisées, pouvoir acheter les médicaments innovants à venir ». Pour les dispositifs médicaux, de même, la sécurité des soins guide la réflexion, insiste Jean-Olivier Arnaud.

La démarche d’UniHA s’inscrit dans le cadre d’un mouvement national de professionnalisation des achats hospitaliers encouragé par le ministère de la Santé. La Direction générale de l’offre de soins vient de lancer le programme national PHARE (performance hospitalière pour des achats responsables). Les ARS (Agences régionales de santé), au nom de la rationalisation, vont exiger la fusion de certains groupements d’achats - 60 sont recensés pour la seule région PACA. Sur le terrain, les états d’esprit changent. Les acheteurs ont compris que le code des marchés publics n’est pas la garantie d’un bon achat. Jean-Olivier Arnaud, le DG du CHU de Nîmes, estime que le mouvement est enclenché. À la condition toutefois que les ARS s’en tiennent à leur rôle d’animateur. « L’achat doit rester du ressort de l’hôpital. Gare à l’ingérence, prévient le président d’UniHA. Sinon, la question de l’achat hospitalier sera polluée pour 15 ans, et ce sera la fin du groupement d’achats ».

DELPHINE CHARDON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9035