« C’EST L’HISTOIRE d’un talent gâché », résume Danielle Toupillier, directrice générale du Centre national de gestion (CNG). Le Dr Pierre-Michel Roux, nommé praticien hospitalier (PH) en 1989 après avoir passé le concours, est donc interdit d’exercice à l’hôpital public. Le CNG a alourdi la sanction proposée par le conseil de discipline, qui s’était prononcé en faveur d’une mutation d’office (« le Quotidien » du 6 mai).
Cette révocation d’un PH, la troisième depuis 2007, date de création du CNG, n’a pas surpris ce cardiologue libéral installé à Metz : « Le dossier devait être très lourd pour que la sanction soit aussi lourde », affirme cette source.
La patronne du CNG a longuement soupesé tous les éléments du dossier. Pour en conclure que « le Dr Roux n’avait plus sa place au sein de la communauté hospitalière publique ». Que reproche-t-on au Dr Roux ? Danielle Toupillier explique : « Les gestes opératoires, la qualité de la pratique et la technicité ne sont pas en cause ». Le problème serait à chercher du côté de « l’éthique » et de « la morale ». Danielle Toupillier évoque une sélection des patients, une surmortalité « inexplicable et inexpliquée ». « L’intérêt des usagers a beaucoup pesé dans la décision, ainsi que l’image de l’hôpital et de la profession de chirurgien cardiaque », complète Danielle Toupillier. Sa décision, rendue au nom de l’État, a été longuement mûrie « avec le ministère de la Santé ».
C’est, aux yeux du Dr Roux, tout le problème. « C’est une décision administrative, et peut-être une décision politique. Ce ne sont pas mes compétences qui ont été jugées. J’avais démonté toutes les attaques à l’aide de témoins sérieux durant le conseil de discipline, qui avait refusé ma révocation à 7 voix contre 3 après sept heures de discussion. Cet alourdissement de la sanction est inexplicable. Comment peut-on me condamner sur une surmortalité qui n’a jamais été un facteur de qualité des soins ? » Le chirurgien messin pense que son cas soulève une vraie question. « A-t-on le droit d’opérer les malades très graves, ou le but est-il d’avoir de bonnes statistiques ? Tous les médecins et chirurgiens doivent savoir qu’ils risquent des ennuis très graves s’ils prennent des décisions thérapeutiques qui ne sont pas en accord avec leur administration. » Indigné, le chirurgien va déposer un recours devant le tribunal administratif. Il s’estime victime de la loi HPST, qui a confié un « pouvoir infini » aux directeurs d’ARS.
Le recours du Dr Roux n’est pas suspensif. En revanche, il est libre d’exercer en clinique privée. En théorie, mais « pas à Metz », tranche ce cardiologue, persuadé qu’aucune clinique ne voudra reprendre le Dr Roux « pour une histoire d’image ». Le Dr Roux affirme avoir reçu des propositions, mais il ne souhaite pas pour l’heure en parler. Le dossier pourrait prochainement rebondir. Huit plaintes contre X ont été déposées au pénal par des familles et des patients, tandis que l’ARS de Lorraine a déposé une plainte auprès du Conseil de l’Ordre des médecins.
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