DEPUIS LE DÉBUT de l’année, les 28 sites de radiothérapie d’Île-de-France ont reçu la visite d’inspecteurs de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS). Une auscultation minutieuse réclamée à la fin de 2010 par Claude Évin, directeur général de l’agence régionale de santé (ARS).
Livré le 11 juillet, le rapport de l’IGAS constate que « la moitié des centres [de radiothérapie] sont des structures d’exercice libéral souvent concentrées dans des périmètres restreints, à proximité les uns des autres, en Seine-et-Marne, Seine-Saint-Denis, dans les Yvelines, les Hauts-de-Seine ou bien le Val-de-Marne, aboutissant à de réelles inégalités infrarégionales ». En Seine-Saint-Denis, par exemple, où deux de ces trois centres sont voisins, l’IGAS constate « des localisations inappropriées pour la population qui réside notamment dans le nord-est du département, imposant d’importants transferts de patientèle vers les centres parisiens plus accessibles ». La mobilité des patients est ici élevée au rang de phénomène local : les malades parcourent en moyenne 16 kilomètres de plus que la distance qui les sépare de leur centre le plus proche. L’IGAS insiste sur « ces flux (qui relèvent) principalement de filières d’adressage construites par les professionnels ». Outre le stress et la fatigue qui pourraient être épargnés aux patients, l’IGAS avance qu’une prise en charge de proximité plus systématique pourrait alléger de 4 millions d’euros par an la facture de l’assurance-maladie.
Des projets en béton.
Le diagnostic étant posé, l’IGAS propose de s’attaquer aux symptômes. Un traitement en 14 recommandations pour réorganiser l’offre de soins. « Des idées qui ne resteront pas au fond des tiroirs », promet Claude Évin. Sans attendre le futur schéma régional d’organisation des soins (SROS) programmé pour la fin de 2012, le directeur général de l’ARS d’Île-de-France considère même que certaines conclusions « éclairent les travaux en cours de l’agence et permettent d’accélérer quelques projets qui nous tiennent à cœur pour réduire les inégalités d’un département à l’autre ».
Le défi est d’abord humain puisque 29 000 patients bénéficient d’une radiothérapie chaque année en Île-de-France. Un quart est pris en charge à Paris, un quart dans les Hauts-de-Seine, 15 % dans le Val-de-Marne et 10 % dans le Val-d’Oise. Les départements de l’Essonne et des Yvelines sont les parents pauvres. Ce qui conduit l’ARS à soutenir le projet de réouverture, dès 2012, du centre de radiothérapie de l’hôpital Poissy-Saint-Germain – lequel, ne répondant plus aux normes, avait fermé ses portes en 2009. Et en Essonne (voir encadré), « nous mettons la pression pour conclure la coopération du centre de la clinique Pasteur de Ris-Orangis dont les radiothérapeutes et leurs machines sont invités investir les deux bunkers conçus au Centre hospitalier Sud-francilien », affirme François Crémieux, qui pilote les rapprochements d’établissements à l’ARS.
En Seine-et-Marne le centre de Saint-Faron et l’hôpital de Lagny viennent de signer un protocole d’accord pour ouvrir ensemble le plateau de radiothérapie privé à Lagny où trois bunkers sont en chantier. Il s’agit de nouveaux montages public/privé sur mesure, réservés aux spécialistes en secteur I prêts à partager l’accès de leurs équipements avec les hospitaliers. Quant à l’hôpital public, il a une bonne raison pour se montrer accueillant : il s’agit de préparer l’avenir. Car aujourd’hui, 44 % des radiothérapeutes installés en Île-de-France ont plus de 55 ans. L’ARS veut renforcer l’attractivité régionale en favorisant l’implantation idéale de plateaux techniques à partager.
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