Amémiorer le travail en équipe à l’hôpital

La HAS lance un programme pour réduire les évènements indésirables

Publié le 20/06/2013
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Crédit photo : S TOUBON

ENTRE 300 000 et 400 000 événements indésirables graves surviennent chaque année en France. Une fois sur quatre, l’équipe de soins serait en cause (voir tableau). Ces dysfonctionnements représentent un coût financier élevé. Un traumatisme obstétrical coûte par exemple 500 euros. Une septicémie, 20 000 euros. En 2007, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) avait estimé à 700 millions d’euros les frais liés à la prise en charge de certains événements indésirables (escarres, embolies pulmonaires postopératoires, septicémies postopératoires...).

Se parler dans les services ou au bloc devrait être spontané, naturel. C’est oublier les rivalités, le poids de la culture et des habitudes. L’absence de formation, aussi : la faculté de médecine pas plus que l’école d’infirmière n’enseigne les subtilités du travail en équipe. La Haute autorité de santé (HAS) voudrait changer la donne en douceur. L’enjeu est primordial, comme le résume son président, le Pr Jean-Luc Harousseau : « Des professionnels peuvent avoir rempli leur DPC [développement personnel continu] sans pour autant se parler et travailler ensemble. Il faut changer la culture des équipes, et faire en sorte que des équipes volontaires servent d’exemples ».

15 équipes sélectionnées cet été.

La check-list opératoire récemment imposée au bloc a échoué à créer du lien. « Sa réalisation est souvent confiée à une seule personne, parfois malheureusement a posteriori », déplore le Pr Harousseau.

Un programme est donc lancé, baptisé « PACTE », un mot à la mode pour désigner ce « programme d’amélioration continue du travail en équipe ». La HAS sélectionnera une quinzaine d’équipes volontaires cet été. L’expérimentation débutera en 2014, avec une généralisation en 2016 à l’ensemble des équipes hospitalières, dans les secteurs à la fois public et privé. L’idée est de compléter les programmes déjà en place qui mettent l’accent sur l’établissement (certification) ou l’individu (DPC, accréditation...).

Les équipes volontaires s’engageront collectivement dans une démarche de qualité. À elles de fixer leur périmètre (une unité, un service, un parcours). À elles aussi de « définir leurs propres objectifs à partir de l’autoévaluation de leurs points faibles », indique Laëtitia May-Michelangeli, responsable de la mission sécurité du patient à la HAS. La Haute autorité accompagnera les équipes et les formera sur les aspects hors technique (leadership, méthode de communication, collaboration interprofessionnelle, résolution de problème, prise de conscience et analyse de situation à risque, etc.).

De bons résultats outre-Atlantique.

Aux États-Unis, un programme de formation similaire lancé au sein de 153 hôpitaux réservés aux vétérans et à leurs familles a permis de réduire de 18 % la mortalité hospitalière. Ce résultat* spectaculaire est obtenu à l’aide de « briefings » et « debriefings » répétés dans les salles d’opération. Différentes check-lists font partie intégrante du programme américain.

En France, l’adhésion au programme PACTE repose donc dans un premier temps sur le volontariat. Pas de carotte financière envisagée pour motiver les troupes, mais la possibilité de mettre en exergue cette action « remarquable » au sein du rapport de certification de l’établissement. Le patient devrait y gagner en qualité des soins, et le personnel en qualité de vie au travail, insiste la HAS, qui mise sur l’effet d’entraînement plutôt que sur la sanction des mauvais élèves.

Ceci étant, à terme, l’amélioration du travail en équipe sera intégrée à la démarche de certification. Elle deviendra obligatoire pour tous les établissements de santé. Thomas Le Ludec, directeur de l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins à la HAS, conclut : « Nous aimerions faire prendre conscience aux établissements que les bons ne sont pas ceux qui n’ont pas d’événement indésirable, mais ceux qui les récupèrent et les atténuent. Tout le monde doit pouvoir être entendu à l’hôpital, l’infirmière et le médecin junior y compris ».

* Publié le 20 octobre 2010 au sein du JAMA.

DELPHINE CHARDON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9252