UNE STRATÉGIE nationale de surveillance des cas groupés de grippe A(H1N1) a été mise en place en France dès la fin du mois d’avril 2009, l’alerte de l’OMS après la détection des premiers cas humains d’infection par un nouveau virus au Mexique, datant du 24 avril 2009. Moins de deux mois plus tard, le 12 juin 2009, le premier épisode de cas groupés sans notion de voyage survenait dans un collège de la périphérie de Toulouse, ce qui marquait le début de la circulation virale en France métropolitaine.
À cette date, la directrice notifie 11 absences chez des élèves d’une même classe de 6e, qui avaient présenté une fièvre et des symptômes respiratoires. Des prélèvements nasopharyngés ont été réalisés chez tous les élèves et les membres du personnel de la classe, à l’infirmerie scolaire pour les enfants asymptomatiques et à l’hôpital pour les enfants symptomatiques. Les 30 élèves de la classe âgés de 11 à 12 ans et 8 des 18 membres du personnel qui avaient été en contact avec les élèves ont été prélevés et interrogés.
Les investigations mises en œuvre n’ont pas permis de trouver d’antécédent de voyage ou de contact avec un cas importé. L’origine de l’épidémie est donc restée inconnue. Toutefois, de nombreux parents exerçaient des activités professionnelles liées aux voyages internationaux. « Un contact avec des Espagnols vivant dans la région est également possible, notent Anne Guinard et col., de la CIRE* Midi-Pyrénées. Les échanges commerciaux et les voyages vers l’Espagne sont fréquents dans cette région et l’incidence de la grippe A(H1N1)v était plus élevée en Espagne qu’en France à cette période. »
Lors de cet épisode, 17 personnes ont présenté des symptômes : céphalées (94 %), toux (88 %), fièvre (76 %), asthénie (53 %), mal de gorge (41 %) et rhinorrhée (35 %). Aucune complication ni décès n’ont été relevés. Le début de l’épidémie a été très rapide chez la majorité des cas symptomatiques (le 10 et le 11 juin), « ce qui pourrait indiquer une exposition commune à un cas inconnu et une transmission secondaire de personne à personne les jours suivants », suggèrent les auteurs. Les cas confirmés biologiquement par PCR (12) l’ont tous été chez des enfants.
Cas asymptomatiques.
Les investigations ont permis de confirmer par PCR 3 cas pourtant asymptomatiques. Dans le cas d’une grippe saisonnière, le pourcentage de personnes asymptomatique est estimé à 33 %. « Sur 20 cas, on pouvait donc s’attendre à ce que 12 à 54 % soient asymptomatiques, ce qui correspond à nos observations (3 cas sur 20) », commentent les auteurs. Parmi les contacts identifiés (120) aucune transmission secondaire n’a été observée.
Des mesures ont été prises au cours de cet épisode : hospitalisation de tous les cas symptomatiques qui ont tous été traités par oseltamivir ; mis en quarantaine des 120 contacts familiaux et sociaux ; fermeture du collège pendant une semaine. L’épisode toulousain a constitué une étape importante dans le processus d’ajustement du dispositif de surveillance. Dans ses suites, l’hospitalisation systématique des cas a été arrêtée.
Durant la pandémie, entre le 14 mai et le 28 septembre 2009, tout foyer de cas groupés défini par au moins 3 cas en une semaine d’infection respiratoire aiguë à début brutal dans une même collectivité devait être signalé. Ainsi 653 foyers de cas groupés possibles ont été recensés en France métropolitaine, dont 253 (38,7 %) ont pu être confirmés à virus A(H1N1)v. Le nombre hebdomadaire de foyers de cas groupés confirmés a augmenté entre le mois de juin (semaine 23) et le mois de septembre (semaine 37) puis s’est mis à diminuer. Les investigations menées lors de la survenue des premiers foyers ont retrouvé un lien avec un pays où la circulation du virus était avérée. À partir du 12 juin, la proportion de foyers autochtones a augmenté chaque semaine, dépassant 50 % de l’ensemble des foyers confirmés à la fin du mois de juin et atteignant 80 % en septembre. Le nombre de départements signalants est passé de 9 au mois de juin à 39 en septembre. Les écoles et les familles représentaient 58 % des foyers. Un seul foyer de cas groupés a été signalé en maison de retraite pendant la période.
* Cellule interrégionale d’épidémiologie.
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