Présidence de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris 

Jean-Marie Le Guen (PS) : « L’AP-HP a été maltraitée »

Publié le 05/07/2012
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Crédit photo : S. TOUBON

LE QUOTIDIEN - Quelles seront vos actions prioritaires à la tête de l’AP-HP ?

JEAN-MARIE LE GUEN - Une page doit se tourner car l’AP-HP a été maltraitée. Nous aurons besoin de travailler tous ensemble, avec la direction générale et la CME, pour relever les défis qui nous attendent. Je suis donc à l’écoute et je souhaite un fonctionnement harmonieux de la gouvernance, dans le respect des prérogatives de chacun de ses trois piliers. Je veux aussi favoriser la reprise du dialogue social, avec une nouvelle dynamique pour le logement des personnels.

Quelles sont vos marges de manœuvre ?

Les leviers d’action formels sont assez limités. Mes fonctions de parlementaire et d’adjoint au maire de Paris ne me confèrent pas de manne céleste, mais elles me permettent d’être un défenseur et un promoteur actif de l’institution et de ses personnels. Je veux être un interlocuteur actif auprès de l’État et l’ARS, sans pour autant m’immiscer dans la gestion quotidienne, car ce n’est pas mon rôle.

Le budget prévisionnel de l’AP-HP pour 2012 est déficitaire. De nouvelles suppressions de postes sont programmées. Quelle est votre réaction ?

Je l’ai déjà dit : je ne me reconnais pas dans cet EPRD 2012. Les recettes octroyées à l’AP-HP sont insuffisantes par rapport aux besoins. L’arrivée d’un nouveau gouvernement ne va pas changer la donne du jour au lendemain. La ministre a annoncé la fin de la convergence entre le public et le privé et l’évolution de la tarification à l’activité. Cela devrait donner de nouvelles marges de manœuvre à l’Assistance publique.

Faut-il poursuivre les regroupements hospitaliers ?

C’est une logique médicale que j’ai approuvée en son temps, et qu’il faut poursuivre en tenant compte des projets médicaux et des besoins territoriaux, et non seulement des contraintes financières. L’évolution des techniques et les contraintes de la démographie médicale nous obligent à mutualiser les moyens. Encore faut-il renforcer la concertation avec les personnels et la pédagogie à destination de la population.

Certains « pontes » parisiens abusent des dépassements d’honoraires. Quelles sont vos attentes ?

Nous appliquerons la politique du gouvernement qui a mon plein soutien. Il y a quelques années, je m’étais inquiété du fait que les commissions locales de l’activité libérale étaient inopérantes à l’AP-HP. Les abus ont commencé à être corrigés après cette mise au point, mais il ne s’agit là que d’un début. Il reste des marges de progression.

Le frère de Marisol Touraine, PU-PH à la Pitié Salpêtrière, facture des dépassements. La ministre est-elle confrontée à un conflit d’intérêts ?

C’est ridicule. Je ne vois pas l’ombre d’un conflit d’intérêts. S’il fallait ne pas avoir de médecin ou d’agent hospitalier dans sa famille pour être ministre de la Santé, il faudrait sans doute venir de la planète Mars. Il [Philippe Touraine, NDLR] a été nommé PU-PH et chef de service indépendamment de Marisol Touraine. La ministre n’intervient pas dans la gestion de tel ou tel service... Je conseillerai à tout le monde d’éviter ce genre de polémiques. Ce qu’il faut, c’est revenir à un service public performant. Tout le monde s’y conformera.

Vous avez bataillé aux côtés des médecins, en 2009, contre le volet gouvernance de la loi HPST. Faut-il réécrire ce passage de la loi ?

Il faut effectivement rééquilibrer la gouvernance des hôpitaux. On ne peut se satisfaire de l’idéologie de l’hôpital-entreprise. Nous ferons évoluer les règles, sans esprit de revanche. La pensée médicale a été écartée, j’ai constaté des dérapages dangereux en province. Il faut rouvrir des discussions.

Êtes-vous déçu de ne pas être ministre ?

Le gouvernement travaille, il travaille bien, je le soutiens. Voilà. Je suis pleinement investi dans mon rôle de parlementaire, et particulièrement fier et honoré de mes fonctions à l’AP-HP.

Pourquoi avoir quitté la commission des affaires sociales pour la commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale ?

J’ai fait un travail important à la commission des affaires sociales, j’en maîtrise le fonctionnement. Le règlement de l’Assemblée me permettra d’y siéger à chaque fois que je le souhaiterai. C’est pour moi une ouverture importante d’être à la commission des affaires étrangères. J’ai été longtemps vice-président du groupe d’amitié France-Chine, l’Asie m’interpelle. Il y a aussi de nombreux sujets santé à l’international : la solidarité, l’avenir des brevets, les trafics... La santé se mondialise. C’est un des éléments majeurs du rayonnement de la France, qui doit devenir un pays de référence en la matière.

PROPOS RECUEILLIS PAR DELPHINE CHARDON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9151