LA CONCERTATION sur le statut de clinicien hospitalier est en cours. Un projet de décret circule, issu de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST). Si l’objectif est connu – il s’agit, avec ce nouveau statut, de rendre les carrières hospitalières plus attractives face au privé –, de nombreuses questions restent en suspend. Le projet de décret, en particulier, ne précise pas la hauteur des revenus des futurs cliniciens. Le mystère reste entier en ce qui concerne les objectifs, à la fois quantitatifs et qualitatifs, qui serviront de base à la rémunération.
Les premiers cliniciens devraient faire leur entrée à l’hôpital public dans les prochains mois, une fois le décret publié. La perspective inquiète une partie du corps médical, préoccupé à l’idée que ce nouveau statut fragilise celui de praticien hospitalier. L’INPH (Internsyndicat national des praticiens hospitaliers) a organisé un colloque à Paris pour faire le point sur la question. Sa présidente, Rachel Bocher, a reconnu que la pénurie médicale impose des évolutions. Mais pas n’importe lesquelles : « Nous [les praticiens hospitaliers, NDLR] sommes prêts à faire des efforts, pour peu qu’ils ne soient pas unilatéraux », a-t-elle mis en garde. L’INPH reproche au statut de clinicien d’être basé sur une logique productiviste. « Résorbez d’abord (le déficit), soignez après » : ainsi le Dr Bocher résume-t-elle le message politique adressé, selon elle, aux médecins de l’hôpital.
La directrice de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (DHOS), au ministère de la Santé, a pour sa part rappelé que les contrats médicaux existent déjà par milliers à l’hôpital (notamment les assistants et les attachés). Il faut voir le statut de clinicien « comme une autre solution » ouverte aux jeunes et aux PH en poste, a déclaré Annie Podeur. Une solution de nature à « stabiliser les équipes médicales en limitant le recours à l’intérim », phénomène préjudiciable à la qualité des soins. « Le texte soumis à concertation est sécurisant. Il ne concerne que les emplois difficiles à pourvoir – par exemple les urgences à Nevers, qui n’arrivent pas à recruter », a précisé la patronne de la DHOS. Second garde-fou : « Le nombre maximum d’emplois [de cliniciens, NDLR] fera l’objet d’une contractualisation avec les ARS » (agences régionales de santé), a complété Annie Podeur. Pour qui les revenus accordés aux médecins, via ces nouveaux contrats, devront être absolument transparents.
Reste à définir les objectifs de volume d’actes et de qualité des soins assignés aux futurs cliniciens. Techniquement, ce n’est pas une mince affaire. L’échec – « le succès moyen », relativise Annie Podeur – de la part variable complémentaire, une des mesures du plan Hôpital 2007, que d’aucuns ont qualifié d’usine à gaz, vient le rappeler. Or c’est précisément l’information que les médecins hospitaliers attendent. Pour se faire leur idée sur l’intérêt, ou non, à saisir cette nouvelle opportunité. Et pour savoir s’il faut s’attendre à des scènes de jalousie dans les services où les postes vacants sont nombreux, et où des PH vont voir arriver des médecins deux ou trois fois plus payés qu’eux.
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