LA GRÈVE des gardes et astreintes entamée mercredi dernier sur le thème de la reconnaissance de la pénibilité se poursuit à l’hôpital. Elle est observée seulement par les médecins qui travaillent la nuit (et qui sont soit réquisitionnés, soit assignés), ce qui rend sa mesure difficile. Au bout de trois jours, le ministère de la Santé ne s’y risquait guère, doutant de la fiabilité des chiffres, très disparates, récoltés dans les hôpitaux.
Du côté des initiateurs de la grève, on est plutôt content. « Notre sentiment est que c’est très bien suivi. Nous ennuyons l’administration », confie le Dr Bertrand Mas, du Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi (SNPHAR-E).
Pour obtenir gain de cause dans le cadre de la réforme des retraites, son syndicat et cinq autres organisations (le SYNGOF, SAMU de France, le SMARNU, le SNPEH et le SNMRHP) ont écrit au ministre du Travail Éric Woerth. « Nous sommes anesthésistes, réanimateurs, pédiatres, obstétriciens, gynécologues, urgentistes, et nous assurons jour et nuit l’accueil des patients et la permanence des soins sur l’ensemble des hôpitaux publics du territoire. Nous sommes fiers de cet engagement », écrivent-ils. Avant de plaider leur cause : « Le projet actuel de réforme des retraites ne tient pas compte de la pénibilité du travail de nuit, lequel est consubstantiel à nos métiers. Les études scientifiques démontrent sans ambiguïté la réduction de l’espérance de vie en bonne santé après la retraite des travailleurs soumis à cette pénibilité. Dans les faits, vous nous proposez de continuer à travailler jusqu’à 67 ans. Nous ne pouvons l’accepter. Car, usés par le travail de nuit, nous savons que nous ne pourrons pas bénéficier de nos années de retraite en bonne santé. » À Éric Woerth, qui avait refusé de les recevoir en mai dernier, les PH « de la nuit » demandent un nouveau rendez-vous.
Le projet de loi entamant demain son parcours parlementaire, il y a urgence. Les grévistes, eux, ont des solutions dans leur besace. « La pénibilité liée au stress, à un cadre qui vous harcèle, c’est difficile à prendre en compte parce que c’est inquantifiable. Mais reconnaître la pénibilité du travail de nuit, ce n’est pas très compliqué, estime le Dr Mas. On peut considérer par exemple qu’au-delà de tant d’heures de nuit, on diminue d’autant la durée de cotisation. »
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