SALUTAIRE, le coup de projecteur médiatique sur l’association pour la promotion des soins aux soignants (APSS) : son président, le Dr Jean-Marie Colson, a été inondé de coups de fil ces derniers mois. Des médecins ont appelé à l’aide, parfois leur épouse. En détresse, bien souvent. « L’ouverture à Besançon de lits d’addictologie réservés aux professionnels de santé a été reportée faute de financement, regrette le Dr Colson, trésorier du Conseil national de l’Ordre des médecins. On s’est débrouillé pour récupérer des lits ailleurs. Quatre cliniques ont pris en charge une dizaine de médecins ces derniers mois. Pour dépanner. » Les cas les plus urgents ont été traités. Certains médecins ont préféré s’inventer un autre métier le jour de leur hospitalisation. Remis sur pied, la plupart ont repris le chemin du travail.
Huit pour cent des décès de médecins libéraux sont consécutifs à un suicide, et 42 % des invalidités enregistrées par la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF) sont dues à des causes psychiatriques. Le stress n’est pas spécifique aux hospitaliers. « Le généraliste isolé en zone rurale est également concerné », observe le Dr Colson. Face à l’ampleur des besoins, l’APSS entend passer à la vitesse supérieure. Elle a repéré deux cliniques prêtes à construire dix lits spécialement réservés aux professionnels de santé. Pas question de prêter le flanc aux commérages : les deux adresses seront tenues secrètes. Comme à Barcelone, où une structure accueille en toute confidentialité les médecins catalans en souffrance. L’expérience espagnole est encourageante. « Des tas de médecins qui étaient laissés à la dérive ont été pris en charge, et remis sur le marché », résume Jean-Marie Colson.
Une médecine du travail à part.
L’APSS veut créer en France un réseau de médecins spécialement formés à la prise en charge des professionnels de santé. En mars, une vingtaine de professionnels (psychiatres, addictologues, infirmières) ont été formés dans ce but. D’autres sessions suivront. « Le besoin existe vraiment, il est encore tabou, mais nous ne pouvons plus reculer », commente Jean-Marie Colson. Un aveu d’échec pour la médecine du travail ? A l’évidence : « La médecine du travail existe, mais personne n’y va », reconnaît Jean-Marie Colson. Qui pose cette question à tous les médecins de France : « Pourquoi ne pas appliquer le droit du travail aux médecins, et donc la suspension de leurs salaires s’ils refusent les visites médicales, comme cela se pratique en entreprise ? ».
Pour information, le numéro d’appel réservé aux médecins libéraux en détresse (le 0 826 004 580, géré par l’AAPML) devrait être prochainement étendu aux praticiens hospitaliers.
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