Entre 2009 et 2019, la survenue d’événements indésirables graves (EIG) évitables et leur sévérité ont connu une « baisse statistiquement significative », est-il indiqué dans la troisième édition de l’Enquête nationale sur les événements indésirables liés aux soins (Eneis 3), publiée dans le dernier « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (BEH) de Santé publique France.
Mené auprès de 59 établissements de santé et 154 unités de soin tirés au sort, ce travail a permis d’identifier 123 EIG, dont 80 survenus pendant l’hospitalisation et 43 étant la cause de l’hospitalisation. En moyenne, 4,4 EIG pour 1 000 jours d’hospitalisation ont été recensés, dont 34 % sont considérés comme évitables avec une densité d’incidence plus élevée en chirurgie (2,0 ‰) qu’en médecine (0,8 ‰). En parallèle, les EIG sont à l’origine de 2,6 % des séjours, dont 53 % étaient évitables. Parmi les 61 EIG éligibles à la déclaration, un seul l’avait été lors de la collecte des données.
Stabilité des EIG non évitables
En extrapolant ces données à l’échelle nationale, « on peut considérer que 160 000 à 375 000 EIG sont intervenus en 2019 au cours d’un séjour hospitalier en médecine ou en chirurgie (entre 275 000 et 395 000 en 2009), dont 55 000 à 130 000 évitables (34 %) (entre 95 000 et 180 000 en 2009) », indiquent les auteurs. Concernant les événements causes d’hospitalisation, « il y aurait entre 176 000 et 372 000 séjours annuellement causés par un EIG (entre 330 000 et 490 000 en 2009), dont 93 000 à 197 000 séjours causés par des EIG évitables (53 %) (entre 160 000 et 290 000 en 2009) », poursuivent-ils.
Par rapport à 2009, si l’incidence globale des EIG survenus pendant l’hospitalisation et des évènements non évitables survenus pendant l’hospitalisation est restée stable, les EIG évitables survenus pendant l’hospitalisation apparaissent en baisse dans toutes les spécialités de médecine, excepté en soins critiques. « En chirurgie, la densité d’incidence n’a diminué de manière statistiquement significative que dans les CHU », est-il précisé. En termes de gravité des EIG, une baisse « significative » est également observée sur la mise en jeu du pronostic vital, de l’incapacité et du décès, mais pas sur la prolongation des hospitalisations.
Parmi les EIG évitables, ceux liés aux actes invasifs ont diminué dans les secteurs interventionnels, mais pas pour les actes chirurgicaux, ceux dus à une infection associée aux soins ont baissé « à la limite de la significativité statistique », tandis que ceux associés aux dispositifs médicaux implantables (DMI) sont stables sur la période.
Des conditions de travail plus difficiles
Au-delà de la fragilité et des comorbidités des patients, plusieurs facteurs contributifs à la survenue des EIG pendant l’hospitalisation sont identifiés. Certains apparaissent plus fréquents en 2019, « comme la défaillance humaine (différence statistiquement significative), la mauvaise définition de l’organisation et des tâches, la composition de l’équipe non adéquate, les locaux et équipements ou produits non adaptés », est-il listé. Cette évolution pourrait être le résultat d’un « biais de collecte », avancent les auteurs, relevant une meilleure formation des enquêteurs, mais aussi à des conditions de travail des soignants plus difficiles.
En revanche, « la supervision des juniors, qui constituait un facteur classique notamment dans les CHU, semble intervenir moins souvent, et la communication, qui participe également des facteurs contributifs les plus fréquents, demeure stable », est-il ajouté.
Par ailleurs, la hausse de la proportion des réhospitalisations parmi les EIG causes d’hospitalisation nécessite de « renforcer les travaux sur l’organisation de la sortie et le lien ville hôpital », insistent les auteurs.
Renforcer la formation des soignants
Ces résultats en demi-teinte invitent à maintenir la « vigilance » sur la chirurgie, les soins critiques et sur les dispositifs médicaux implantables, estiment les auteurs, rappelant que la France dispose d’un « cadre fort (textes réglementaires, outils et méthodes) qui reste mal connu et peu intégré dans la pratique ».
La sous-déclaration des EIG réclame également de « renforcer la formation des professionnels de santé à la sécurité des patients », poursuivent-ils, concluant que, conformément aux conclusions du rapport du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) émises en 2018, « la sécurité des soins doit rester une priorité des politiques de santé ».
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