Alors que s’ouvre ce mardi l’université d’été de la Fédération hospitalière de France (FHF) à Paris, son président Frédéric Valletoux a déploré lors d’un point presse « le climat de démobilisation et de désenchantement » que connaissent en cette rentrée les hôpitaux. Ces derniers, juge la FHF, sont soumis à une pression budgétaire accrue par de nouvelles décisions « incohérentes » du gouvernement, en sus du plan de rigueur imposé pour parvenir à trois milliards d’euros d’économies d’ici à 2017.
« On a déjà beaucoup tendu l’élastique dans les établissements ces derniers mois, s’alarme Frédéric Valletoux. On ne pourra pas continuer très longtemps à faire les efforts budgétaires et d’organisation réclamés si on nous charge toujours plus la barque. »
90 millions d’euros pour l’« accord urgentistes »
La « barque » en question contient dans l’esprit de la FHF l’accord sur le temps de travail des urgentistes, signé en décembre dernier et entré en application au 1er juillet. Clairement, les hôpitaux traînent des pieds. Toujours selon la FHF, cette décision se soldera par « une surcharge de 90 millions d’euros » en 2016 pour les établissements. Frédéric Valletoux craint surtout que cette réforme entraîne une « désorganisation » des services, voire un coût financier supérieur, par effet de contamination aux autres spécialités. « D’autres praticiens hospitaliers, comme les anesthésistes ou les radiologues, ne vont pas tarder à réclamer la même chose », juge-t-il.
« Chèque en blanc » pour les salaires des personnels
Ce n’est pas tout. L’accord décidé par la ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu en juin dernier sur la revalorisation des salaires des agents de la fonction publique (les catégories A, B et C des trois branches sont concernées) serait une mesure économiquement « aberrante » aux yeux de la FHF, au regard du contexte économique. Cette rallonge pourrait coûter 120 millions d’euros aux établissements pour l’année 2017, 200 millions d’euros en 2018 et 700 millions d’euros en 2019, selon la FHF.
La signature de cet accord est programmée à la fin du mois de septembre. Pour Frédéric Valletoux, ce calendrier impose à la FHF de signer « un chèque en blanc » sans contrepartie (les arbitrages sur l’ONDAM hospitalier n’étant pas connus).
Quant aux récentes revalorisations des infirmières par effet de la réforme LMD (licence-master-doctorat) et des sages-femmes, elles coûteront respectivement 500 millions d’euros et 40 millions d’euros aux hôpitaux dès 2016, se désole la FHF.
« Ces injonctions paradoxales associées à une politique de fermeture de lits, et donc de baisse d’activité, font que les hôpitaux seront dans le rouge en 2016 », redoute le président de la FHF. « Avec, pour l’instant, un ONDAM 2016 à 1,75 % et près de 400 millions d’euros de déficit constaté en 2014, nous n’avons aucune marge pour investir », renchérit Gérard Vincent, le délégué général de la FHF.
À une allumette de l’incendie
Outre l’actualité économique du secteur, Frédéric Valletoux a réagi à l’agitation que connaît le corps médical hospitalier, dans l’attente du rapport Le Menn sur l’attractivité des carrières. « S’il y a grève des médecins au mois d’octobre, c’est qu’il y a défaut de discussion. Le climat social est tendu à l’hôpital. La moindre allumette peut lancer un incendie. » Pour le patron de la FHF, la défiance de la communauté médicale est un autre « symptôme du moral en berne des hospitaliers ».
Interrogé sur le contenu du projet de loi de santé, Frédéric Valletoux a jugé que le tiers payant généralisé, mesure phare du texte, n’est autre qu’« une occasion ratée ».
La FHF annonce qu’à l’occasion de l’examen du texte au Sénat le 14 septembre, elle déposera un amendement pour rétablir l’obligation pour les libéraux de participer à la permanence des soins.
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