MALAWI, plus de 9 200 cas de rougeole, dont 44 décès enregistrés entre le début d’année 2010 et le mois de mai. Afrique du Sud, plus de 14 000 cas. Burkina Faso, plus de 51 000 au cours des six premiers mois de l’année 2009, dont 333 décès. Médecins sans frontières qui a, à chaque fois, participé aux interventions d’urgence dans ces pays tire la sonnette d’alarme. Depuis deux ans, les épidémies de rougeole sont de plus en plus fréquentes alors que les objectifs d’éradication de la maladie sont annoncés pour 2015 par l’Organisation mondiale de la santé(OMS).
« Il y a déjà eu plus de 64 000 cas et 1 118 décès entre la fin de l’année 2009 et les premiers mois de l’année 2010 dans une trentaine de pays africains selon les données partielles de l’OMS », explique le Dr Florence Fermon, référent rougeole de MSF. « Il n’y a rien d’étonnant à ce que des épidémies de rougeole surviennent dans des pays en guerre ou des zones en conflit, comme le nord du Yemen ou le nord de la RDC. Nous savons que, dans ce contexte le système de soins est déstabilisé et ne peut assurer correctement la prévention de la rougeole. Mais je suis très surpris que nous ayons dû mener des interventions, parfois de très grande ampleur, dans des pays stables, comme le Malawi, le Burkina Faso, le Mozambique ou l’Afrique du Sud, souligne pour sa part Thierry Durand, le directeur des opérations. Ces pays mènent depuis de nombreuses années des programmes de vaccination, soutenus par les bailleurs de fond, avec des objectifs ambitieux d’éradication des maladies entraînant une forte mortalité, comme la rougeole. Ces épidémies dans ces pays-là ne sont pas normales, elles indiquent nécessairement un dysfonctionnement ou des faiblesses dans le système routinier de vaccination. »
Démobilisation et manque de soutien financier.
La stratégie de prévention suivie ces dernières années repose essentiellement sur la vaccination en routine chez les enfants de 9 à 11 mois et sur des campagnes de rattrapage régulières pour tous les enfants de 9 mois à 5 ans. « Cette stratégie est adaptée pour diminuer le nombre de cas et la mortalité. Il n’y a pas de doute », relève MSF. Mais les flambées actuelles soulignent les limites de sa mise en œuvre, au nombre de 3, selon l’association, rigidité des programmes élargis de vaccination (PEV), manque de financements et démobilisation des acteurs. Le PEV est efficace mais « le délai est très court pour immuniser un enfant à partir de 9 mois et avant son premier anniversaire. On constate régulièrement dans nos projets que de nombreux enfants âgés de plus de 1 an sont non vaccinés et on ne peut administrer le vaccin, alors qu’ils sont à haut risque. Ils ne rentrent plus dans le cadre du PEV », indique le Dr Fermon. Plus de souplesse lui semble donc nécessaire. De même les campagnes de rattrapage, essentielles pour vacciner les enfants qui ne l’ont pas été durant leur première année et pour protéger les non-répondants à la première dose (15 % des vaccinés), sont loin d’être optimales, principalement « par manque de soutiens financiers », précise-t-elle.
La rougeole n’est plus une priorité pour beaucoup de gouvernements nationaux ont la tentation, plutôt que d’organiser des campagnes de rattrapage de se saisir de la riposte ponctuelle à une épidémie pour organiser leurs campagnes nationales, ce qui augmente les délais et les contraintes. « Les bailleurs ne sont pas les mêmes. Pour répondre à une épidémie, les États peuvent trouver des fonds spécifiques », précise le médecin. Or, pour être efficace, la réponse à une épidémie doit être rapide : deux semaines après la vaccination, la courbe épidémique s’infléchit très nettement. L’OMS a édicté en 2009, des recommandations pour la vaccination réactive en contexte épidémique, mais elles sont « malheureusement diffusées de façon confidentielle », constate encore MSF.
« Il est urgent maintenant de regarder en face les défaillances du système de prévention de la rougeole ainsi que les entraves à la réponse aux épidémies », clame l’association. Redéfinir une réponse plus efficace avec tous les acteurs de la prévention (OMS, UNICEF, Global Alliance for vaccination and immunization, bailleurs, ministères de la Santé ...).
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne
Denis Thuriot (maire de Nevers) : « Je songe ouvrir une autre ligne aérienne pour les médecins libéraux »