À l'heure où Olivier Véran évoque un « frémissement » porteur d'espoir au sujet des chiffres de l'épidémie de Covid, le patron de la Fédération hospitalière de France (FHF) appelle surtout à ne pas baisser la garde. Lors d'un point hebdomadaire ce mardi, Frédéric Valletoux a exhorté à la « prudence », prenant d'une certaine façon le contre-pied du ministre de la Santé, Olivier Véran, qui avait fait état dimanche d'« une forme de ralentissement » de l'épidémie. Lundi, le directeur de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch, avait lui aussi évoqué, en Ile-de-France, une « amorce d'infléchissement ».
Aucune détente globale !
« Il ne faut pas croire que la vague est derrière nous et qu'il faut se détendre et baisser la garde, a recadré Frédéric Valletoux. Dans certaines régions, c'est même tout l'inverse du frémissement positif qu'on annonce. Les transferts de patients sont de plus en plus importants, avec des appels à l'aide de pays frontaliers, la France est le 4e pays le plus touché au monde. Du point de vue des hospitaliers, on ne sent pas de détente globale et générale. »
En Auvergne-Rhône-Alpes, il y a encore « 500 à 600 hospitalisations Covid par jour », rappelle-t-il. Sur cette région, il ne reste plus que 40 places disponibles en réanimation, d'où accélération des transferts. « 90 sont encore prévus cette semaine de cette région, toujours dans l'œil du cyclone », insiste Frédéric Valletoux. La Bourgogne-Franche-Comté reste aussi sous pression : les passages de patients Covid aux urgences y ont augmenté de 50 % ces derniers jours.
Préparer la suite
Cette tension a été illustrée ce mardi par les témoignages de deux directeurs des ressources humaines (DRH) hospitaliers. En région parisienne, au centre hospitalier de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), les soignants sont « très sollicités », précise le DRH Romain Canalis. Dans le service de réa (monté à 21 lits), 16 patients ont le Covid, et dans les services de médecine 51 patients sont porteurs du virus. La moitié de l'activité des services a été déprogrammée et des personnels supplémentaires (infirmiers, aide-soignants) ont dû être sollicités. 14 % des personnels ont été testés positifs au Covid.
Au CHRU de Tours – 10 000 personnels médicaux et non médicaux – les équipes sont « impactées mais pas débordées » à ce stade, précise le DRH Samuel Rouget. Avec une centaine de cas Covid, dont la moitié en réa, le plan blanc a été déclenché et une partie de l'activité déprogrammée. Il y a une « lassitude liée à la crise installée », résume le DRH, précisant que l'inquiétude reste forte chez les soignants (dont 4 % ont été contaminés).
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