Le 16 juin, de nombreux professionnels des établissements hospitaliers ont manifesté pour mettre en avant le manque de moyens des hôpitaux. Après une importante mobilisation pour affronter le Covid-19, une autre motivation a été à l’origine de ces nombreux rassemblements dans toute la France : faire entendre les revendications des hospitaliers, qui depuis un an se sont soldées par un manque total d’écoute. Outre les conditions de travail qui demeurent très difficiles, les soignants doivent en plus accepter des rémunérations pas en adéquation avec l’importance de leur labeur.
Les hospitaliers manifestent car ils sont très irrités de voir qu’on les adule, mais personne n’écoute réellement le fond de leur malaise. De ce fait ils ont décidé de descendre dans la rue pour partager avec les Français leur désarroi.
Malheureusement, le cortège parisien s’est fait remarquer. Des casseurs sont venus se joindre à cette manifestation qui devait être bon enfant, et en ont profité pour mettre certains quartiers à feu et à sang. Cette situation va avoir un impact négatif sur les objectifs voulus par les organisateurs, et risque de discréditer les professionnels de santé. Durant les semaines qui vont venir, les Français ne retiendront que les débordements.
Cela va bien entendu faire oublier le message initial de ce rassemblement et permettre à nos dirigeants de ranger dans les cartons les revendications des professionnels de santé.
Nous avons l’impression que les soignants vont vivre la même situation que celle vécue par les forces de l’ordre. D’un côté on félicite les professionnels pour leur engagement auprès de la population, et de l’autre on montre « la face sombre » de ces mêmes professionnels.
Il est probable qu’à l’issue de cette journée « historique », les professionnels de santé devront accepter une nouvelle fois les diktats imposés par des énarques n’ayant aucune connaissance du terrain. Les économistes ont pointé du doigt les raisons du dysfonctionnement des hôpitaux : la pléthore d’agents administratifs. Dans de nombreux pays comme l’Allemagne on s’est affranchi de manière importante de cette charge, mais la France ne suivra probablement pas.
Or c’est la seule façon de permettre à notre système de santé de survivre, et d’arriver à donner des soins de qualité. Mais nos politiques ne préfèrent-ils pas favoriser un certain clientélisme plutôt que de valoriser les soins ?
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