Une école d’ostéopathie sème le trouble

Mis en cause, le président du SML se défend

Publié le 16/01/2012
Article réservé aux abonnés

UN ARTICLE paru en décembre dans « Sud-Ouest » a mis le feu aux poudres. Il est question de l’inauguration des nouveaux locaux du collège ostéopathique du Pays Basque, un bâtiment de 3 500 mètres carrés à Iraty, dans lequel se formeront pendant trois ans, et pour 9 000 euros par an, une cinquantaine de bacheliers non professionnels de santé. Sur la photo, le Dr Christian Jeambrun, président du SML, est présenté comme « l’un des artisans du projet ».

Les liens du Dr Jeambrun avec ce collège d’ostéopathie, agréé par le ministère de la Santé en mai 2008, posent problème à ses adversaires politiques. « Est-il admissible, à l’heure où se met en place la loi sur les conflits d’intérêts, que l’éthique syndicale médicale soit ainsi bafouée ? », clame le Dr Meyer Sabbah, président de l’Union collégiale. Même constat sans concession dressé par le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF : « Cette histoire donne une image de syndicaliste affairiste qui n’honore pas la profession ».

Parmi les protestations, celle du Dr Dinorino Cabrera, détonne davantage. Le président fondateur du SML désavoue publiquement son successeur. Le Dr Cabrera a écrit au Centre national des professions de santé (CNPS) et à l’Union nationale des professionnels de santé (UNPS) pour exprimer son « indignation ». « Je lui en veux car à cette époque, nous défendions l’interdiction du titre d’ostéopathe par des "ni-ni" (ni-médecins, ni-kinésithérapeutes, NDLR), confie-t-il au « Quotidien ». J’estime que j’ai été trompé ».

« La responsabilité médicale implique que seuls des professionnels de santé peuvent intervenir. C’est pour cette raison que le titre d’ostéopathe doit leur être réservé », indiquait en mars 2007 le SML dans un communiqué signé… par le Dr Jeambrun.

Tentative de déstabilisation ?

Mis en cause, Christian Jeambrun réfute avoir dissimulé tout conflit d’intérêts. « J’ai eu une vie avant d’être élu président du SML, indique-t-il. Le praticien basque reconnaît avoir participé à la création de ce collège d’ostéopathie. Il assure en avoir confié la gestion à ses collaborateurs et à son épouse diététicienne après son élection. « Lors de la campagne pour la présidence du SML, j’ai informé le syndicat de l’existence de ce collège, affirme-t-il. J’ai été élu en décembre 2008 avec 75 % des voix et réélu deux ans plus tard. Ce conflit d’intérêts était connu de tous ». Le Dr Bruno Burel, président du syndicat des médecins ostéopathes de France, et adhérent du SML, confirme exactement cette version. Selon lui, les adversaires politiques du

Dr Jeambrun prennent prétexte de l’article de « Sud-Ouest » pour tenter de le déstabiliser. « Beaucoup de médecins sont impliqués dans des écoles d’ostéopathie », souligne-t-il. Le débat devrait porter sur la place des médecins ostéopathes dans la formation des ostéopathes non professionnels de santé, estime le Dr Burel.

Si cette « affaire » paraît amorale aux yeux de certains, elle n’est en aucun point illégale. Elle n’a fait l’objet d’aucune saisine disciplinaire au Conseil national de l’Ordre des médecins.

 CHRISTOPHE GATTUSO

Source : Le Quotidien du Médecin: 9066