« Intolérable et inquiétant » : alors que les menaces envers des médecins ou acteurs hospitaliers engagés dans la politique de vaccination se multiplient, 466 maires de grandes villes, directeurs d’hôpitaux ou professeurs de médecine prennent la parole pour « refuser la haine », à l’occasion d’une tribune publiée dans Le Monde ce 13 septembre. « Rien ne détournera les hospitaliers de leurs missions pour la santé de la population du pays », insistent-ils.
« Ces dernières semaines, ces derniers jours, plusieurs acteurs du monde hospitalier – directeurs, médecins, soignants, en outre-mer ou en métropole – ont été la cible d’attaques, de dégradations et de tentatives de violation de domicile, de menaces de mort, de manœuvre d’intimidation sous la forme d’insultes ou de propos appelant à la haine, très directement, sur les réseaux sociaux et dans la presse écrite », rappelle la tribune, qui redoute « de possibles passages à l’acte » et appelle à « un sursaut républicain ».
Tous protecteurs de l'hôpital
« Notre seul ennemi c’est le virus », martèlent les auteurs. « Quand des acteurs hospitaliers sont attaqués parce qu’ils font leur métier, c’est la santé de chacun(e) qui est visée. Nous savons que l’immense majorité de la population et des communautés hospitalières partage les mêmes valeurs, le refus de la haine, de la violence et de l’intolérance, et est aussi choquée que nous par les comportements inacceptables de quelques individus ».
Face aux violences ou aux invectives, ce nouveau texte exhorte « tous les élus et les responsables publics à se poser en protecteurs de l’hôpital ». Il appelle également les gestionnaires de réseaux sociaux à « empêcher la diffusion des propos haineux, diffamatoires et violents ».
Parmi les signataires : des maires de grandes villes – à l’instar de Martine Aubry ou d’Anne Hidalgo – des directeurs de CHU, des présidents de CME, députés, doyens mais aussi le directeur de l’AP-HP, Martin Hirsch, et celui de l’AP-HM, François Crémieux, lui-même ciblé par des insultes.
Raoult apporte son soutien à Crémieux
« Collabo », « Dégage », « FDP », « Marseille aura ta peau » … Il y a une semaine, des manifestants anti-pass sanitaire avaient tagué le mur d’un immeuble marseillais, criant des injures sous ses fenêtres, croyant s’en prendre à François Crémieux. Une action qui avait suscité une vive émotion au sein de la communauté médicale. Le 7 septembre, François Crémieux avait annoncé porter plainte pour « injures publiques envers un chargé de service public » et « menace de crime ou délit contre les personnes ou les biens à l’encontre d’un chargé de mission service public ».
Ce 13 septembre, François Crémieux a reçu le soutien inattendu du Pr Didier Raoult, affirmant sur Twitter qu’il n’approuvait « aucune menace et aucun harcèlement. Je suis donc solidaire du directeur général de l'AP-HM, qui a eu raison de porter plainte comme nous l'avons fait dans les mêmes circonstances ».
Je n'approuve aucune menace et aucun harcèlement. Je suis donc solidaire du Directeur Général de l'AP-HM, qui a eu raison de porter plainte comme nous l'avons fait dans les mêmes circonstances
— Didier Raoult (@raoult_didier) September 13, 2021
Il y a quelques jours déjà, un collectif médical et scientifique avait sonné l'alarme au sujet des appels à la haine et menaces de mort contre les médecins, réclamant également une intervention politique.
5 000 contaminations évitées à l'AP-HP ?
Alors que des tensions persistent dans les hôpitaux à quelques jours de l’entrée en vigueur de la vaccination obligatoire des soignants, le directeur de l’AP-HP Martin Hirsch a affirmé ce lundi sur France Info que seuls « 1 à 2 % des personnels de l'Assistance publique n’était pas du tout vacciné ». À l’inverse, 95 % ont déjà reçu une première dose au sein des locaux du CHU. C'est sans compter les soignants vaccinés en cabinet ou en centre de vaccination. « La France est l’un des pays où il y a le plus de personnel de santé vacciné, il a fallu passer par l’obligation pour obtenir cela », a ajouté Martin Hirsch.
« On a évité à peu près 5 000 contaminations dans nos personnels grâce à la vaccination », s'est félicité le directeur de l’AP-HP, qui affirme néanmoins avoir reçu quelques démissions de soignants non vaccinés.
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