DEMAIN à 14 H, à Lille, quelque 150 cadres du Syndicat des médecins libéraux (SML) réunis en congrès accueilleront la ministre de la Santé Marisol Touraine pour une intervention très attendue sur l’exercice libéral. Les praticiens du SML sont inquiets. Selon leur président, le Dr Christian Jeambrun, certains propos réitérés de Marisol Touraine accréditent la volonté gouvernementale de mettre en place, d’abord sous forme d’expérimentations, ensuite de façon généralisée, un nouveau modèle d’organisation territoriale « proche du système anglais ». Plus précisément, le SML redoute un plan insidieux de filiarisation de la médecine libérale autour d’un nouveau parcours de santé forfaitisé « dans lequel le médecin traitant aiguilleur vers l’hôpital serait la seule porte d’entrée ». À terme, une « médecine de dispensaire », s’alarme le syndicat, même si la ministre s’en défend.
Plus de souplesse.
Le SML récuse ce schéma et lui oppose aujourd’hui un nouveau « parcours de soins libéral », qui privilégierait au contraire l’ambulatoire et la coopération directe, rapide, entre les différentes spécialités libérales. « Il faut en finir avec le médecin traitant distributeur de tickets », explique le Dr Charles Henry Guez, médecin généraliste, coordinateur de la mission MG du SML.
Le syndicat va plus loin : cette coopération serait formalisée dans une « charte de la correspondance médicale libérale », véritable canevas de ce parcours de soins « new look ». « Le parcours de soins a 7 ans d’existence, il a rempli certains objectifs, il faut maintenant le rendre plus efficient, on a pas besoin de cinq milliards pour cela », résume le Dr Jeambrun.
Si le SML se défend de vouloir torpiller la réforme du parcours de soins autour du médecin traitant, son projet consiste néanmoins à rendre ce système beaucoup moins rigide, moins administratif. Le SML dénonce en particulier le système de sanctions financières hors parcours de soins et appelle de ses vœux un parcours « à entrées multiples », désormais non pénalisant pour le patient. Une façon de rétablir l’accès direct aux spécialistes libéraux mais dans un cadre organisé. « Tout serait fait pour privilégier le moindre recours à l’hôpital », ajoute le Dr Jeambrun.
Face au risque de forfaitisation ou de capitation, ce parcours de soins libéral, dans le projet du SML, reposerait sur le paiement à l’acte majoritaire « appuyé sur la CCAM clinique » (réforme des consultations qui doit être amorcée avant le 31 décembre).
Quant à cette fameuse charte de la correspondance médicale libérale, elle s’articulerait autour de quelques éléments forts : la prise en charge facilitée du patient en cas de demande urgente, traçable, du médecin traitant (avec retour rapide d’informations) ; une « harmonisation des honoraires et du tact et mesure » (en clair, tous les acteurs libéraux intervenant dans le cadre du parcours de soins d’un patient démuni s’engageraient à modérer leurs compléments) ; enfin une information éclairée du malade. « Trop souvent, on pêche par manque d’informations », déplore le Dr Jeambrun, qui cite les sorties d’hospitalisation.
Seul réserve : le projet du SML sera d’autant plus performant qu’il existera un dossier médical partagé pratique et facile à manier pour tous. On en est loin.
Transfert n’est pas délégation.
Pour donner corps à ce parcours de soins, le SML estime qu’il est urgent de préciser les règles de la coopération interprofessionnelle - certains protocoles se mettent en place de façon anarchique en région. Pour le syndicat, plusieurs voies sont possibles : le transfert intégral de tâches ou de compétences qui correspond à un abandon de certains actes avec son corollaire « le transfert de responsabilités ». Autres options : la délégation de tâches soit auprès de collaborateurs choisis et formés (rémunérés par le praticien sous sa responsabilité), soit vers d’autres professionnels avec partage de la responsabilité (sans engagement de rémunération).
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