Le mois de septembre sonne aussi la rentrée des polémiques. Avec l'imminence des annonces sur la transformation du système de santé, SAMU-Urgences de France (SUDF) a remis sur la table hier ses propositions en matière de régulation. Fidèle à ses positions, l'organisation suggère la création d'un numéro unique pour toutes les urgences sanitaires. Ce serpent de mer qui est loin de faire l'unanimité au sein de la communauté médicale n'a pas manqué de faire réagir les syndicats de libéraux.
« Prendre en charge toutes les demandes sanitaires urgentes au sein d'une même plateforme de régulation médicale située à l'hôpital », c'est en ces termes que SUDF résume sa proposition pour réformer les urgences. Un tel dispositif permettrait à l'assistant de régulation médicale (ARM) qui reçoit l'appel de dissocier différents flux entre « l'aide médicale urgente » à destination des urgences, la « demande pressante de soins » à destination des généralistes et la « coordination territoriale des soins ». De cette manière, chaque professionnel de santé est recentré sur son « cœur de métier » et seuls les patients qui le requièrent sont orientés vers les services d'urgences. Cela permet de réduire d'autant leur fréquentation.
Partisans historiques de cette mesure, l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF) et la Fédération nationale des sapeurs pompiers de France ont salué la proposition.
Casus belli
Bien que le système soit pensé « en complémentarité avec la médecine générale », il n'est pas du goût du SML. « OPA hostile », « casus belli avec la profession » ou encore « pire, des solutions pour les patients », le syndicat n'a pas manqué d'invectives pour qualifier la proposition de SUDF. Il défend l'existence d'un numéro dédié à la permanence des soins, le 116 117, géré par des médecins généralistes et revendique une « cogestion paritaire hospitaliers/libéraux ».
Qui plus est, le SML estime que « 60 % à 70 % des appels arrivant dans les centres 15 sont pris en charge par la médecine libérale », ce qui remettrait en question la pertinence d'une plateforme hospitalière pour la régulation. Enfin, il rappelle que le récent palmarès du « Point » a mis en avant 4,6 millions d'appels restés sans réponse sur l'année 2016. Preuve pour le syndicat que les « structures hospitalières sont incapables de traiter 100 % des appels qu'elles reçoivent ».
MG France y est aussi allé de son commentaire, qualifiant de « nouvel hymne à l'hospitalocentrisme » la proposition de SUDF. Le premier syndicat de généralistes de France juge lui aussi qu'il est du ressort des libéraux d'organiser la prise en charge des soins non programmés. Deux arguments sont mis en avant. D'abord, la plateforme de régulation médicale qui traite les appels qui arrivent au 15 ou au 112 est d'ores et déjà gérée à « 80 % par des régulateurs libéraux ». Qui plus est, « l’activité globale des services d’urgences répartie sur l’ensemble des médecins généralistes libéraux représente moins d’un acte par médecin et par jour ».
Le syndicat fait alors ses propositions pour permettre à la médecine générale de « piloter, organiser et réguler la réponse aux demandes de soins non programmés ». Il faut généraliser le 116 117 et donner aux généralistes une place prépondérante dans la cogestion des services de régulation. Et pour faciliter ce travail, il faut libérer du temps aux professionnels en « facilitant l'embauche de personnels et en soutenant sans hésitation les projets innovants portés par les libéraux ».
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