Au bord de l’asphyxie ! Les médecins chefs d’équipe de l’hôpital des enfants du CHU de Toulouse (Purpan) ont démissionné de leurs fonctions administratives en bloc, la semaine dernière. Ils dénoncent dans un courrier adressé à leur direction un « manque de moyens » et le « mépris de l’administration ». Un coup d’éclat pour soutenir la démission administrative des deux chefs de pôles, les Prs Yves Chaix et Jérôme Sales de Gauzy, survenue huit jours plus tôt.
Cost-killers
Une façon surtout de clamer leur ras-le-bol et de dénoncer une situation qu’ils qualifient d’intenable. « Il y a quelques années, on soignait dans de bonnes conditions à l’hôpital des enfants, mais aujourd’hui, il nous manque des lits d’aval, décrit le Dr Emmanuel Cheuret, neuropédiatre qui s'est déclaré gréviste, pour la première fois en 25 ans, de carrière à l'occasion de la manifestation pour l'hôpital public jeudi dernier. Il n’est pas rare de voir des enfants faire des crises d’asthme graves sur des lits dans les couloirs ; et pourtant les cost-killers de l’administration continuent de nous fermer des lits, alors même que contrairement à la médecine adulte, nous n’avons aucune alternative d’hospitalisation d’urgence pour nos patients dans l’agglomération ! »
À Toulouse, l’hôpital des enfants est le centre de recours pour toute la région Occitanie Ouest. Et comme les autres hôpitaux de la ville, l'établissement a fait face ces dernières années à une forte augmentation du nombre de patients : +8 % en dix ans, pointent les médecins dans leur courrier collectif de démission, envoyé à la direction du CHU.
Maltraitance administrative
Dans leur missive, les médecins ne réclament pas que des moyens. Ils veulent aussi davantage d’écoute et de soutien de la part des instances administratives et « le droit pour les chefs de pôle de pédiatrie de siéger dans le directoire et dans le directoire restreint du CHU, là où l’ensemble des décisions importantes sont prises. »
« On se heurte au discours de gens qui ne connaissent pas le terrain et brandissent des indicateurs qui ne sont pas bons. Nos chefs de pôle ont été maltraités par l’administration. Ils ont essayé tout ce qu’ils pouvaient mais ont fait l’objet d’un véritable mépris », déplore le Dr Cheuret.
Lui-même se dit « très désabusé par la situation ». « J’ai 50 ans et après 25 ans de carrière à l’hôpital des enfants, je me pose parfois la question de savoir si je vais continuer. Ce qui me fait tenir, c’est la passion pour mon métier, l’envie de soigner au mieux et de travailler avec de jeunes internes qui sont super, mais quand même on est à flux tendu tout le temps et ça épuise. On n’est pas là pour faire des caprices, mais on explose… »
À ce jour, les médecins disent n’avoir reçu aucun retour de la part de la direction du CHU. Sollicitée par « le Quotidien », celle-ci n’a pas souhaité s’exprimer dans l’immédiat, de même que le président de la CME.
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