Dr Jean-François Rey : « Pourquoi je suis candidat à la présidence de la CSMF »

Publié le 16/01/2014
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Crédit photo : Sébastien Toubon

LE QUOTIDIEN : Après 12 ans à la tête de l’UMESPE (spécialistes confédérés), serez-vous candidat à la présidence de la CSMF ?

DR JEAN-FRANCOIS REY :Oui, je serai candidat lors de l’assemblée générale du 22 mars. Cette candidature s’inscrit dans le cadre d’une continuité. En tant que président de l’UMESPE, j’ai négocié deux conventions et un nombre incalculable d’avenants. J’ai participé activement à l’élaboration du projet confédéral. Je souhaite maintenant le porter.

Quels seront les axes prioritaires de votre programme ?

La médecine libérale va affronter de nombreux défis. Le premier concerne les nouveaux modes de rémunération. L’intérêt est de rassembler les médecins traitants et correspondants mais aussi tous les professionnels de santé. J’entends mener ce premier challenge en tant que président de l’UNPS (Union nationale des professionnels de santé), mais aussi, je l’espère, de la CSMF. En 2014, nous voulons engager aussi une négociation tarifaire car les honoraires ne sont plus à la hauteur de la valeur des actes. L’année prochaine enfin sera marquée par les élections professionnelles. Dans deux ans et demi, une nouvelle convention médicale devra être négociée, qui amorcera un changement.

La CSMF vient d’adopter un projet en faveur d’une médecine libérale et sociale. Ces 138 propositions vont-elles assez loin ?

Ce projet est un socle fort pour faire évoluer la médecine libérale. Il doit nous permettre d’accueillir les jeunes qui veulent travailler en groupe et différemment, de préparer les nouveaux modes de rémunération, mais aussi de répondre aux demandes légitimes des femmes médecins. Les temps changent, les patients aussi. Depuis 1928, la CSMF a toujours été un syndicat moteur de la vie médicale puis conventionnelle. Je suis fier de ce nouveau projet confédéral et de ses idées novatrices, qui préservent les fondamentaux que sont la liberté d’installation, le paiement à la l’acte et la liberté de prescription.

Si vous êtes élu, en quoi vous démarquerez-vous de votre prédécesseur ?

Je ne vais pas m’inscrire dans la rupture. Je vais utiliser mon expérience acquise l’an dernier lors de la promotion du contrat d’accès aux soins en région. J’ai pris goût à ces contacts. Si je suis élu, je continuerai à me déplacer 2 à 3 fois par mois sur le terrain pour créer un lien plus étroit avec les médecins.

J’entends apporter à la CSMF la pugnacité que j’ai montrée pendant les négociations pour expliquer à l’assurance-maladie et au gouvernement que la médecine libérale, derrière la CSMF, est prête à s’engager dans ces nouvelles prises en charge et la protocolisation. En retour, il faut nous donner les moyens d’informatiser les cabinets, d’avoir un secrétariat, et des revenus convenables.

Avec l’encadrement des honoraires, les tentatives de régulation démographique ou la rémunération à la performance, les marges de manœuvre syndicales ne sont-elles pas devenues plus étroites ?

Non, pas du tout. La rémunération sur objectifs de santé publique, c’est nous qui l’avons portée ! La médecine moderne, c’est une médecine de groupe autour du patient, ce sont des prises en charge qui se font au forfait. Le C à 25 euros, la réévaluation de la CCAM technique et la mise en place d’un C3 sont des revendications très importantes. Nous sommes pour la pertinence des actes et des prescriptions. Mais le gouvernement doit comprendre qu’on ne peut pas demander aux médecins libéraux de continuer à faire des efforts s’il n’y a pas un retour sur investissement.

En dehors des rémunérations d’équipe, le directeur de la CNAM a laissé entendre qu’il n’y aurait pas de revalorisation cette année. Pronostiquez-vous, comme Michel Chassang, un conflit tarifaire en 2014 ?

C’est évident. Avant une négociation, le directeur de la CNAM ferme toujours les cordons de la bourse. Mais le gouvernement devra prendre conscience de la montée des mécontentements. Nous avons fait de gros efforts ces dernières années. Nous avons accepté de mettre en avant la rémunération forfaitaire dans le cadre de l’interpro. Mais les médecins attendent aussi une revalorisation des actes qui restent le fondement de l’exercice libéral. Sans revalorisation des actes médicaux et chirurgicaux, il y aura un conflit tarifaire.

Un médecin spécialiste à la tête de la CSMF, cela changerait quelque chose ?

Non, en terme de volonté politique, de pugnacité, de représentativité, il n’y a aucune différence. Ce sera un changement d’accent mais pas un changement politique.

Propos recueillis par Christophe Gattuso

Source : Le Quotidien du Médecin: 9293