La guerre semble désormais déclarée entre l’assurance-maladie et MG France, syndicat ouvertement engagé depuis fin mars dans une stratégie de transgression tarifaire avec la consultation à 25 euros en étendard.
Après des avertissements et des rappels à l’ordre sur les risques encourus par les médecins en cas de non respect des tarifs opposables, l’assurance-maladie (via la CPAM de Valence dans la Drôme) vient en effet de cibler... le président de MG France lui-même, le Dr Claude Leicher, pour sa pratique tarifaire, ce qui est évidemment hautement symbolique.
« Comme des centaines de médecins généralistes, le président de MG France vient de recevoir une lettre de menace de sa CPAM pour cotation de ses consultations à 25 euros avec utilisation du DE, dépassement pour exigence », fait savoir ce mercredi le syndicat de généralistes. Le courrier de rappel à la réglementation est signé du directeur de la caisse de Valence, Pierre Duplatre.
Equité
Faute de négociations tarifaires, MG France avait lancé le 26 mars un mouvement de cotation à 25 euros, un phénomène « très limité », affirmait la CNAM fin avril (environ 600 médecins).
Mais en visant un leader syndical sur ses honoraires, et en lui réclamant de corriger sa pratique, faute de quoi il s’exposera à des « procédures », l’assurance-maladie affiche sa détermination à combattre ces cotations unilatérales sur l’ensemble du territoire, y compris dans le village d’Etoile-sur-Rhône où est installé le Dr Leicher en secteur I. Ce rappel à l’ordre intervient au moment où un deuxième syndicat (l’UNOF-CSMF) se lance lui aussi dans la guérilla tarifaire avec un appel à l’usage élargi du « DE » pour les consultations à motifs multiples.
Solidarité
Ce durcissement des positions pourrait conduire à un bras de fer total sur les honoraires.
MG France invite déjà les généralistes à « manifester leur solidarité avec les médecins menacés par leurs CPAM en s’associant au mouvement de transgression tarifaire que le syndicat a lancé le 26 mars 2015 ».
Et le syndicat rappelle ses arguments : à ses yeux, « il ne s’agit pas d’une revalorisation, mais d’un principe d’équité pour la médecine générale. L’urgence est en effet de rétablir l’égalité des rémunérations entre les spécialités médicales dont fait partie la médecine générale. La MPC doit être accessible aux généralistes, comme elle l’est pour les 45 autres spécialités (CS + MPC = 25 euros) et l’ensemble des cotations de pédiatrie ».
Dans sa lettre de réponse au directeur, le Dr Leicher justifie son dépassement (actes cotés avec un DE), explique avoir informé ses patients sur ce supplément non remboursé et assure les avoir avertis sur les difficultés d’exercice de la médecine générale « dont les actes n’ont pas été réévalués depuis 2011 ».
Le Dr Leicher n’hésite pas à se montrer caustique en précisant qu’il a averti son syndicat (MG France...) qui l’assure de son « total soutien ».
L'échange de courriers entre le Dr Leicher et la CPAM
Padhue : Yannick Neuder promet de transformer les EVC en deux temps
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne