Anne Hidalgo fait le check-up santé de Paris face à des citoyens inquiets

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Publié le 20/11/2019
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En campagne pour sa réélection, la maire socialiste de la capitale a dressé un bilan de sa politique de santé. L'opposition regrette que le sujet soit abordé tardivement.

La maire de Paris soutient l'exercice médical aux tarifs opposables

La maire de Paris soutient l'exercice médical aux tarifs opposables
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Défense et illustration : à quatre mois des élections municipales, Anne Hidalgo a communiqué sur sa « politique parisienne de santé », lors du Conseil de Paris, du 12 au 14 novembre.

La maire socialiste s'exprimait face à des citoyens parisiens tirés au sort, un pour chacun des 20 arrondissements. Consultés, ils ont exposé leurs vives préoccupations, en particulier l'avenir de l'Assistance publique – hôpitaux de Paris (AP-HP), premier CHU d'Europe, à l'heure où l'hôpital public est secoué par une très grave crise.

Manque de moyens matériels et humains, attractivité du secteur public en berne, crise de reconnaissance : la grande majorité des établissements parisiens étaient en grève jeudi dernier. « L'hôpital public est le lieu de tous les contrastes, synonyme d'excellence, de haute technicité mais aussi de misère sociale et de dysfonctionnements, a lancé justement Anthony Normand, citoyen invité à la tribune. Il y a un manque de soignants, dont le salaire est peu stimulant, et on subit des délais importants de rendez-vous. » Les citoyens parisiens ont multiplié les requêtes : « sanctuariser le budget des hôpitaux », « développer un modèle de soins préventifs », « créer un ou plusieurs services d'accueil des urgences dans chaque arrondissement avec un numéro » mais aussi « faciliter les installations de praticiens de secteur I avec des loyers incitatifs ». 

26 projets d'installation soutenus

Après ce cahier de doléances, Anne Hidalgo s'est employée à montrer qu'elle agissait sur plusieurs fronts. Côté AP-HP, elle affiche son plein soutien aux soignants en colère dans les hôpitaux publics. « On demande toujours plus aux soignants avec moins de moyens, ce n'est plus entendable », a-t-elle tweeté jeudi dernier. Hors les murs de l'hôpital, la municipalité veut aussi consolider l'offre de médecine salariée dans les centres de santé et médico-sociaux (dix centres municipaux en secteur I aujourd'hui). 

Pour encourager cette fois l'installation des praticiens libéraux, un site baptisé « Paris Med' » a été créé en 2016. Le dispositif porte sur l’exercice libéral regroupé en secteur I dans les zones déficitaires et fragiles et les quartiers prioritaires. Il permet aux médecins de bénéficier d'un loyer modéré et de la gratuité du stationnement (pour les visites). Au 1er septembre 2019, 26 projets d'installation avaient été accompagnés (depuis le début de la mandature), dont 14 maisons de santé et 12 cabinets de groupe.

Pour favoriser la coordination ville/hôpital enfin, la mairie a adhéré aux trois CPTS intra-muros (dans les 13e, 14e et 18e) et entend encourager les initiatives de création « sur les autres arrondissements ». Au-delà, « il convient de systématiser les partenariats entre les structures "soins de ville" d'exercice regroupé (MSP, cabinets) et les hôpitaux parisiens », défend la Ville de Paris.  

L'opposition déplore une communication tardive sur un sujet central. « Nous n'avons cessé de demander un moratoire sur les restructurations à l'hôpital, votre parole est bienvenue mais on aurait voulu l'entendre plus tôt », a lancé Nicolas Bonnet-Oulaldj, élu Communiste et Front de gauche. « Vous apportez seulement maintenant votre soutien aux soignants en grève... Peut-être avez-vous rencontré les membres du collectif inter-urgences ? », a ironisé Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du groupe Les Républicains et Indépendants (LRI). La campagne municipale est lancée. 

Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin