ILS ÉTAIENT une cinquantaine de médecins présents à la troisième édition de la Journée organisée par l’InVS. Cette année, l’accueil dans les locaux de Saint-Maurice s’est fait dans une ambiance calme et studieuse, presque bucolique. Une différence de taille par rapport à l’édition précédente, qui avait dû migrer vers l’hôpital d’Esquirol tout proche, « les salles étant occupées par toutes les personnes qui, jour et nuit, répondaient aux demandes d’information sur l’épidémie de grippe », comme l’explique la directrice adjointe de l’Institut, Caroline Gardette. L’émergence du nouveau virus grippal A(H1N1)v a été sans nul doute l’événement de l’année 2009 pour le réseau de surveillance SOS Médecins/InVS.
6 000 appels par jour.
Le réseau existe depuis 2006, au début avec 31 associations parmi les 60 affiliées à la Fédération SOS Médecins France. « Aujourd’hui, 56 associations transmettent quotidiennement leurs données », se réjouit le Dr Dominique Ringard (Amiens), président de la Fédération. La surveillance syndromique SurSaUD (Surveillance sanitaire des urgences et des décès), qui a vu le jour en 2004 à la suite de la canicule de 2003, peut aujourd’hui s’appuyer sur l’activité des médecins SOS, qui reçoivent « près de 6 000 appels par jour et effectuent 2 millions de visites à domicile par an ».
« La surveillance repose désormais sur 3 piliers qui permettent d’avoir à la fois une vision de ville, une vision hospitalière et une vision de la mortalité en France », souligne le Dr Loïc Josseran, concepteur du système au département de coordination des alertes et des régions (DCAR). Les données des services d’urgences hospitalières, avec le réseau OSCOUR (voir encadré), ont été les premières sources d’information à avoir été intégrées au système (dès 2004), avec les données de mortalité des services informatisés d’état civil de l’INSEE, complétées en 2008 par les données de certification électronique des décès.
« Au début de la collaboration avec SOS médecins, c’était loin d’être gagné », se souvient le Dr Josseran en évoquant les réserves des uns ou des autres sur l’intérêt de telles données ou sur la fiabilité de diagnostics parfois trop rapides. Trois ans plus tard, les craintes semblent avoir été dissipées. L’épidémie de grippe a fait office de test. « La dynamique de la grippe observée sur l’activité de SOS Médecins a été cohérente avec celle observée à partir des autres sources de données, en particulier des données du réseau Sentinelles », note le Dr Josseran. L’augmentation rapide des diagnostics « syndrome grippal » à partir des semaines 35-36 correspond à la période épidémique déclarée, avec un pic atteint à la semaine 48. Sur le plan géographique, il semble que l’épidémie ait commencé en Ile-de-France (pic épidémique plus précoce) avant de diffuser dans les autres régions françaises. « Globalement, elle n’a pas été plus importante que les années précédentes. Ce qui change, c’est la distribution des classes d’âge, avec une prédominance des 5-14 ans, alors que les plus âgés ont été moins concernés », poursuit le Dr Josseran. Ce qui correspond aussi aux données internationales.
Une cohérence des données plutôt rassurante. « Nous craignions que les services de soins ne soient débordés pendant la pandémie, ce qui aurait empêché la remontée des données non informatisées. Cela n’a pas été le cas, mais nous savons désormais que nous pouvons compter sur les données SOS transmises automatiquement, au cas où le réseau Sentinelles, qui transmet manuellement, ne fonctionnerait pas », explique Danièle Ilef, responsable du département DCAR. Ce d’autant que les médecins du réseau SOS ont fortement été sensibilisés, via leur fédération, à l’importance du codage des diagnostics, un indicateur plus précis que celui des motifs d’appel. Les thesaurus ont été révisés afin de simplifier et d’harmoniser le codage entre les différentes associations. « Le fait de disposer d’une définition claire augmente le niveau d’exigence et oblige le médecin à préciser son diagnostic de façon à ce qu’il puisse être codé », affirme le Dr Patrick Guérin (Nantes), membre de la commission scientifique du réseau SOS Médecins/InVS. C’est aussi l’avis du Dr Ringard, qui y voit une manière « d’améliorer les pratiques et de mieux les homogénéiser ».
Peu de réticences.
Du côté des médecins, les réticences ont été peu nombreuses, même si le pourcentage de diagnostics renseignés n’est pas encore optimal (< 60 %). « Nous avons tous déjà un PDA sur lequel nous transmettons les données à la fin de chaque visite pour des raisons médico-légales. Le fait de renseigner des éléments utiles à la surveillance n’alourdit pas la tâche », commente le Dr Christophe Ruedin (SOS Médecins, Besançon). La participation au réseau de surveillance bénéficie, selon lui, aux deux parties : « Notre rôle, c’est la permanence des soins. Nous sommes présents tous les jours pendant les périodes de vacances, les week-ends, les jours fériés, ce qui est moins le cas des médecins du réseau Sentinelles. En retour, cela nous permet de disposer de données sur notre propre activité, ce qui nous aide à mieux prévoir les épidémies et à mieux nous organiser ». Une des forces du réseau réside aussi dans les liens tissés au niveau régional entre les CIRE et les médecins. « Si on a l’impression que quelque chose d’inhabituel est entrain de se passer on les appelle. Inversement, ils peuvent aussi nous alerter en cas d’événement particulier », reconnaît le Dr Ruedin.
Car le système n’est pas spécifique. Toutes les pathologies y sont recensées, avec des focus spécifiques à une région ou un syndrome en cas de nécessité. La mise à disposition de l’application informatique, baptisée SurSaud, comme le système, devrait encore faciliter le traitement, le partage et la communication des informations. Déjà utilisée par les CIRE depuis février 2010, elle sera prochainement accessible aux médecins, qui pourront y consulter les bulletins du DCAR mais aussi les données propres à leurs associations.
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