Le Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF) a mené une enquête sur le renouvellement de verres correcteurs par l'opticien, qui montre des failles dans cette délégation de tâches pourtant historique.
Depuis 2007, les porteurs de lunettes de plus de 16 ans peuvent renouveler leurs lunettes directement chez l'opticien, à l'identique ou avec une modification du degré de correction, après accord du médecin. Leur dernière prescription médicale doit dater de moins de trois ans. Si le degré de correction est modifié, l'opticien doit en informer le prescripteur initial. L'enjeu de cette délégation était de fluidifier et d'augmenter la délivrance initiale et le renouvellement. On dénombrait 8,6 millions de montures délivrées et 18,8 millions de verres en 2008. Dix ans plus tard, ces chiffres s'élèvent respectivement à 14,2 millions et 26,6 millions.
Pourtant, des ratés persistent dans cette collaboration. D'après l'enquête du SNOF, 84 % des médecins ont reçu dix messages ou moins d'opticiens les informant d'une adaptation de correction de leurs patients au cours des trois derniers mois. Près de 20 % n'ont jamais eu aucune nouvelle. 82 % des spécialistes estiment que les opticiens s'acquittent « rarement » de cette obligation d'information, voire jamais.
Pas de guéguerre
« Il y a probablement une sous déclaration des renouvellements avec adaptation, et d'une manière générale, on constate un manque de retours manifeste des opticiens, estime le Dr Thierry Bour, président du SNOF. C'est dommage car s'il y avait plus d'échanges, il y aurait sûrement plus de volumes. Peut-être que le déploiement de la messagerie sécurisée et du dossier médical partagé va permettre d'améliorer les choses. »
Un argument également repris par les opticiens, qui souhaitent des échanges « informatisés et sécurisés » – deux tiers des informations transitent encore par voie postale. « Il nous faut coconstruire pour améliorer le renouvellement de lunettes, indique André Balbi, président du Rassemblement des opticiens de France (ROF). L'enjeu n'est pas d'ouvrir une guéguerre avec les ophtalmologistes. »
Malgré ces manquements, huit médecins sur dix estiment que le renouvellement de lunettes directement chez l'opticien durant le temps de validité de l'ordonnance a son utilité.
Quant à la possibilité d'ouvrir aux orthoptistes le renouvellement des verres correcteurs en adaptant la prescription dans les mêmes conditions que les opticiens – une mesure en discussion dans le projet de loi de santé –, 62 % des médecins interrogés y sont favorables. Sans surprise, 86 % sont en revanche contre la suppression de l'obligation d'ordonnance pour avoir le droit au remboursement des verres correcteurs.
* Enquête en ligne auprès de 716 ophtalmologistes libéraux (sur 3 400 en exercice)
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